In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • The journalist in the Trench fin-de-siècle Novel: Enfants de la presse by Kate Rees
  • Guillaume Pinson
The journalist in the Trench fin-de-siècle Novel: Enfants de la presse. By Kate Rees. Legenda: Cambridge, 2018. 246 pp.

La démonstration n'est plus à faire que les approches médiatiques de la littérature (je regroupe ici, grosso modo, l'étude des poétiques et des imaginaires médiatiques, des postures et corpus des écrivains-journalistes, ainsi que plus généralement des interactions entre les médias et la littérature) connaissent un succès qui ne se dément pas. L'ouvrage de Kate Rees apporte une contribution à ce domaine de recherche. Rees a coorganisé, à la Maison française d'Oxford il y a quelques années (2014), un colloque sur les liens entre presse et littérature dans le domaine français, qui a débouché sur une publication récente dans la revue Dix-neuf (Literature and the Press in France, 21 (2017), codirection avec Edmund Birch). Ce dernier ouvrage vient ainsi couronner pour Rees plusieurs années de réflexion et de recherche, et on ne peut que saluer cette publication de langue anglaise qui contribuera sans aucun doute à élargir le public intéressé par ces questions médiatiques dans le domaine de la littérature française. Le livre se place sous le constat général que faisait Emile Zola en 1881 à propos des écrivains de son siècle: 'Nous sommes tous les enfants de la presse' (cité p. 2). L'ouvrage est construit en cinq chapitres qui reposent sur l'analyse de quelques auteurs marquants: Guy de Maupassant avec Bel-Ami (chapitre 1); Zola avec La Fortune des Rougon et Vérité, ce dernier roman ayant été d'ailleurs peu lu sous l'angle médiatique (chapitre 2); enfin Jules Verne avec Michel Strogoff et Claudius Bombarnac (chapitre 3). D'autres œuvres complètent le cheminement de la réflexion au travers de ces chapitres, notamment des romans de Paul Brulat, Charles Fenestrier ou encore Charles Legrand. Les deux derniers chapitres sont consacrés tantôt à des œuvres de la veine du journaliste enquêteur (chapitre 4, les auteurs majeurs analysés dans ce chapitre sont le reporter et romancier Gaston Leroux, puis Souvestre et Alain avec la série des Fantômas) et tantôt qui mettent en scène des femmes journalistes (chapitre 5). Ce dernier chapitre est sans doute le plus original de l'ensemble de ce travail et celui qui constitue la contribution la plus personnelle de Rees. Consacré à deux écrivaines, Marcelle Tinayre (La Rebelle) et Camille Pert (Leur égalé), et aux frères Paul et Victor Margueritte (Femmes nouvelles), le chapitre explore la représentation des femmes dans les milieux journalistiques à une époque où plus généralement la place des femmes dans la société française évolue à grande vitesse. Les métiers du journalisme se transforment aussi considérablement, les femmes occupant dans ces milieux professionnels une place nouvelle, comme le confirme de façon emblématique le lancement de La Tronde en 1896, un journal quotidien entièrement rédigé et composé par des femmes. Les enjeux proprement journalistiques sont moins centraux dans ces intrigues qui portent sur les réalités féminines, mais y figurent comme un potentiel de libération, comme une sorte de continent neuf qui est en train de s'ouvrir à elles. C'est aussi dans certains cas des formes plus féminines de production journalistique qui s'y trouvent, tel que le genre du magazine dans La Rebelle de Tinayre, preuve de l'évolution et de la diversification de la production médiatique au tournant du siècle. L'ouvrage de Rees est donc intéressant et riche, on ne peut qu'en recommander la lecture. Il constitue une excellente synthèse de la recherche en direction du public anglophone, tout en apportant son propre regard sur les représentations du journalisme. [End Page 312]

Guillaume Pinson
Université Laval
...

pdf

Share