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  • Théâtre de révélation: donner à voir et à entendre au Moyen Age. Hommage à Jean-Pierre Bordier par Catherine Croizy-Naquet, Stéphanie Le Briz-Orgeur et Jean-René Valette
  • Jelle Koopmans
Théâtre de révélation: donner à voir et à entendre au Moyen Age. Hommage à Jean-Pierre Bordier. Études réunies par Catherine Croizy-Naquet, Stéphanie Le Briz-Orgeur et Jean-René Valette. (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 121.) Paris: Honoré Champion, 2017. 590 pp.

Jean-Pierre Bordier, Tout au long de sa carrière, d'abord au Centre d'études supérieures de la Renaissance à l'Université de Tours et ensuite à l'Université Paris X Nanterre, a poursuivi l'étude du théâtre religieux du Moyen Âge comme un itinéraire spirituel, et a tenté de montrer en quoi ce théâtre est bien religieux au plein sens du terme. Trente-deux de ses collègues et amis rendent hommage à sa riche carrière par un beau volume centré sur la notion de révélation. Ils ont réalisé ainsi une belle vue d'ensemble sur ce théâtre, qui—spécifions-le—n'est que rarement étudié dans leur spécificité dans une telle collection. Un riche éventail de sujets et d'objets passe en revue: certains sujets sont inattendus (Denis Hϋe sur les dés de la Passion), certains objets sont plus ou moins inattendus (le Mistère du Siège d'Orléans, Franck Collard, François Suard et Gérard Gros; le Martyre de saint Baccus de Geoffroy de Paris, Dominique Boutet), certains objets sont bien certes attendus (le Jeu d'Adam, Véronique Dominguez; les Miracles de Nostre Dame par personnages, Richard Hillman), certains objets inattendus (Trubert, Pierre-Yves Badel; Artus de Bretagne, Christine Ferlampin-Acher). Certaines contributions s'en tiennent assez strictement à la problématique de ce que c'est que de donner à voir et à entendre; d'autres explorent d'une autre manière le sujet de la révélation. Cela n'enlève rien à la qualité de ce livre. Les grands sujets, traités par Bordier lui-même mais qui demanderaient une élaboration, ne sont pas au rendez-vous, par exemple, pourquoi et comment les grands mystères de la Passion nous proposent une théologie parallèle, un savoir de l'Histoire sainte non inscrite dans la théologie: que le lecteur ne s'attende pas à une véritable révélation! Il aura des [End Page 285] éléments, certes, mais... Ce qu'il n'y a pas: la moralité de la Vérité cachée—là, oui, il y a révélation, n'est pas citée, mais elle est bien sûr protestante, et restera cachée. On peut s'étonner plus en général de l'absence totale du protestantisme dans ce recueil d'articles, que ce soit par rétroprojection ou par simple mise en perspective. Un regret important toutefois: là où celui à qui on révèle est bien plus au centre de la révélation que celui qui révèle (et c'est même l'essence de l'Histoire sainte), on aurait pu s'attendre à ce que le public soit aussi pris en considération, sauf, peut-être, dans l'article de Gabriella Parusse qui explique comment la révélation vient aux femmes. Par un retour de choses assez curieux, ce volume de mélanges témoigne justement de ce que Bordier a pu donner à voir et à entendre selon ceux à qui la révélation a été faite. Un fort utile index de quarante-deux pages, un index des citations bibliques et un index des cotes de manuscrits et des références d'imprimés anciens terminent l'ouvrage, qui se recommande à tous mystérophiles et historiens du théâtre.

Jelle Koopmans
Universiteit Van Amsterdam
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