Peau, fissures de peau et revanches de la féminité dans La Préférence nationale de Fatou Diome

À partir d'une analyse du rôle de la peau dans la construction de la conscience individuelle et sociale des individus, cet article propose de montrer comment les nouvelles de La Préférence nationale de Fatou Diome transcendent la question de l'immigration pour formuler les efforts de légitimation d'une femme noire marginalisée au sein d'une société phallocratique. Usant des atouts de sa féminité, des discontinuités, fissures et orifices naturels de son corps, elle appâte et charme la "société qui fixe les normes" par le truchement d'un professeur qu'elle pousse à un acte sexuel "froid" et sans véritable passion. Elle lui ouvre ainsi une voie par laquelle ce représentant de la société française peut descendre "tout au fond" de son corps, afin de "vérifier l'état de [ses] entrailles" où siège une féminité exceptionnelle. Par cet acte sexuel, elle procède à une déconstruction symbolique du pouvoir socialisateur de la peau au profit d'une taxinomie nouvelle des rapports de race et de sexe. Ainsi, elle parvient à mettre en place et à enseigner une stratégie de reconfiguration des identités minoritaires dans les espaces multiculturels.