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  • La France des Belhoumi: portraits de famille (1977–2017) by Stéphane Beaud
  • Edward Ousselin
La France des Belhoumi: portraits de famille (1977–2017). Par Stéphane Beaud. Paris: La Découverte, 2018. 352 pp.

L'étude de Stéphane Beaud porte sur les trajectoires socioéconomiques des huit enfants (cinq soeurs et trois frères) d'une famille d'origine algérienne, installée en France depuis 1977. On trouvera donc dans ce livre des histoires de vie plutôt que des statistiques sur l'immigration et les descendants d'immigrés. De 2012 à 2017, Beaud s'est entretenu avec tous les membres de la famille (certains plus longuement et de façon plus suivie que d'autres, évidemment) dans le but d'établir des récits biographiques détaillés sur chacun d'entre eux. Cette enquête ethnographique sur la famille Belhoumi — tous les noms ont été changés, y compris celui de la cité ouvrière, à 400 km de Paris, où habitent encore les parents — met 'en relief une nette mobilité sociale intergénérationnelle collective (des parents ouvriers à des enfants accédant pour la plupart aux "classes moyennes")' (p. 11). En effet, d'une génération à l'autre, le contraste est frappant. Beaud insiste sur 'le faible degré de scolarisation des parents, le statut social de "prolétaire" du père' (p. 318). Cependant, ce père a constamment encouragé la réussite scolaire et plus tard sociale de [End Page 148] ses enfants, avec pour résultat que ceux-ci 'ont tous été, depuis une vingtaine d'années, engagés — à des degrés différents — dans un processus d'ascension sociale' (p. 318). Sans surprise, ce sont d'abord et surtout les filles qui ont obtenu de bons résultats à l'école puis à l'université. Leurs passages successifs du prolétariat aux classes moyennes ont aussi fourni des modèles de parcours socioéconomiques réussis à leurs frères, qui ont pu profiter de l'assistance morale et matérielle de leurs soeurs afin de rattraper leurs retards scolaires et de s'insérer, avec plus ou moins de succès, dans le monde du travail. Cette étude de cas offre donc un exemple plutôt rassurant du rôle traditionnel de l'école en tant qu'ascenseur social, alors que d'autres études indiquent que cet 'ascenseur' est bloqué pour la plupart des élèves provenant des milieux défavorisés et particulièrement ceux d'origine étrangère. Si la mobilité ou l'ascension sociale s'est ralentie, en France comme dans d'autres pays développés, la famille Belhoumi semble représenter un contreexemple. Conscient des limitations d'une enquête focalisée sur un groupe familial restreint de huit frères et soeurs, Beaud présente une argumentation nuancée sur le degré d'exemplarité ou de représentativité de la famille Belhoumi: 'Il n'y a pas de réponse aisée et univoque à cette question cardinale des conditions et possibilités de "montée en généralité" dans ce type d'enquête' (p. 317). à quelques exceptions près, ces 'portraits de famille' de la deuxième génération de Français issus de l'immigration reflètent dans l'ensemble l'évolution sociale récente des milieux ouvriers en général. Le livre suivant, plus orienté vers une approche statistique, pourra constituer un complément utile à celui de Beaud: Histoire de l'immigration algérienne en France par Emmanuel Blanchard (Paris: La Découverte, 2018).

Edward Ousselin
Western Washington University
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