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Reviewed by:
  • James Bond encore. Pour une mythanalyse de l'agent 007 by Frédéric Julien
  • Jean-Pierre Thomas
Frédéric Julien, James Bond encore. Pour une mythanalyse de l'agent 007, Montréal, Poètes de brousse, 2015, 85 p.

Les ouvrages traitant des relations qu'entretient le mythe avec la littérature (ou plus largement la culture) paraissent à un rythme régulier en Europe, mais en Amérique du Nord la situation est différente. L'intelligentsia nord-américaine semble bouder quelque peu ce domaine d'étude. La moisson s'avérant rare, les quelques ouvrages de ce type à prendre place sur les présentoirs des librairies méritent qu'on s'y intéresse. C'est le cas de James Bond encore. Pour une mythanalyse de l'agent 007, paru en 2015 chez Poètes de brousse. Petite plaquette de moins d'une centaine [End Page 158] de pages, cette étude entraîne les amateurs de romans et de cinéma d'espionnage sur les traces d'un personnage ne nécessitant aucune présentation. Passionné de mythologie et de littérature de la Shoah et enseignant de littérature au cégep Édouard-Montpetit, Frédéric Julien a produit un petit ouvrage sans prétention excessive, dont l'objectif principal consiste à « comprendre […] le secret de [la] popularité, de [la] longévité, de [l']ancrage dans l'inconscient collectif » de l'agent 007. Il s'agit pour l'auteur de parcourir les romans et les films mettant en scène l'espion britannique afin d'en dégager « les archétypes et les personnages mythologiques » fondateurs.

Frédéric Julien s'est affairé principalement à relever les traits qui particularisent l'agent secret de même que ceux dont sont affublés ses opposants, et il les a mis en relation avec les qualificatifs généralement associés aux grands personnages des mythologies. Ainsi Héraclès, Samson ou Dionysos apparaissent-ils ici et là sous des dehors évidemment mis au goût du jour. De même, la figure du monstre, souvent présente dans les récits mythologiques, ressurgit dans les romans d'Ian Fleming et les films des producteurs Albert R. Broccoli et Harry Saltzman, tel vilain épousant le faciès d'une hydre de Lerne actualisée, tel autre ressemblant étonnamment à la Sphinge par son aspect composite. C'est toutefois la figure du héros grec Thésée que Julien repère le plus distinctement dans l'œuvre de Fleming. S'enfonçant dans le labyrinthe afin d'y affronter le Minotaure, à qui un tribut de jeunes Athénien(ne)s doit être livré à périodes fixes, Thésée réussit, avec l'aide de la belle Ariane, à vaincre la créature hybride et à fuir par la suite l'île de Crète, devenant du coup le grand libérateur d'Athènes. Ce cheminement se retrouverait selon Frédéric Julien dans à peu près tous les récits bondiens, ce qui donne un tour répétitif à la saga et en détermine les grands vecteurs archétypaux. L'auteur se montre convaincant dans sa démarche lorsqu'il affirme que mythes et archétypes structurent l'aventure type du héros britannique, si bien que « James Bond est dans l'éternel retour du même ». Une fois ce constat posé, le plus intéressant devient probablement ce qui différencie la quête de James Bond de celle du héros mythologique. Il appert que l'agent 007, étant donné le caractère redondant de son entreprise—mais peut-être aussi en raison de traits qui n'évoluent guère au fil de la saga—, n'apprend que peu dans ses aventures (contrairement au héros mythologique type qui, lui, subit une longue initiation dont il ressort transformé), il commet les mêmes actions encore et encore. Probablement est-ce de fait ce qui, tout en particularisant la figure, lui confère son attrait, ce qu'il conviendrait à ce moment de questionner en écho aux attentes du public. Figure à mi-chemin entre Éros et Thanatos, James Bond se révèle rapidement un personnage...

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