Abstract

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Le mouvement ouvrier français s'est engagé avec détermination dans l'évacuation et l'accueil d'enfants espagnols en France pendant la guerre d'Espagne. Le Comité créé par la Confédération générale du travail (CGT) a tenu sous sa houlette plus de 10 000 enfants, soit la majorité des 15 000 qui ont été envoyés en France sans leurs parents entre 1936 et 1939. L'objectif de cet article est de comprendre les ressorts de l'engagement de la CGT dans une cause qui, a priori, n'a rien d'évident pour elle. Cette cause arrive à point nommé pour un secteur spécifique de la CGT, groupé autour du secrétaire général, afin de contrebalancer l'emprise communiste croissante sur le mouvement d'aide à l'Espagne. La CGT construit ensuite son dispositif d'accueil en convertissant les moyens, les pratiques et la structure du mouvement ouvrier. Mais en faisant reposer son action sur les ressources de vies ouvrières précaires, elle la soumet aux aléas politiques et économiques qui l'emportent à la suite de la répression frappant la classe ouvrière après la grève générale de novembre 1938. Ce cas signale les ressources, mais aussi les limites d'une action humanitaire dès lors qu'elle n'est pas portée, précisément, par une organisation humanitaire.

Abstract:

The French labour movement determinedly led the efforts to evacuate and host Spanish children in France during the Spanish Civil War. The Committee set up by the French General Confederation of Labour (CGT) supervised more than 10,000 children, a majority of the 15,000 who were sent to France without their parents between 1936 and 1939. The aim of this article is to understand the involvement of the CGT in a cause that was, at first glance, rather remote from its agenda. This issue arrived at the right moment to a specific group within CGT leadership, which used child aid as a way to offset the growing communist hold on the Aid Spain movement. The CGT then set up an accommodation network by converting the resources, practices and structures of the labour movement. However, as it rested on the precarious means of the working-class, this relief action was at risk in the event of an economic downturn or policy backlash, and could not resist the repression that hit the French working-class after the general strike of November 1938. The case of the CGT child aid scheme thus shows the advantages and the limitations of humanitarian actions, specifically, when they are not carried out by humanitarian organisations.

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