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Reviewed by:
  • Les passants de Québec by Natasha Pemba
  • Marzia Caporale
Pemba, Natasha. Les passants de Québec. Essor-Livres, 2017. Pp 119. ISBN 978-2-924695-48-7. CAN $ 19.95 (paper).

Les passants de Québec est le deuxième recueil de Natasha Pemba, auteure québécoise d'origine congolaise dont l'écriture associe autobiographie et fiction afin de rendre hommage à la ville où elle a choisi de vivre et aux habitants qui en peuplent les rues et les quartiers. Les « passants » dont il s'agit dans ces histoires représentent le cœur palpitant de Québec ainsi que les colonnes porteuses d'un récit qui transforme, grâce à la parole, le vécu existentiel et individuel en projet littéraire communautaire. Les six nouvelles qui composent le recueil sont axées sur des thèmes multiples qui touchent au phénomène migratoire (un sujet dont l'auteur a fait l'expérience directe), au choc culturel lié à la vie dans un nouveau pays, à la recherche de la liberté et du bonheur, et à la relation dialogique qui relie et parfois oppose de manière conflictuelle le « moi » et « l'autre. »

Les contes s'articulent sur l'axe narratif d'un discours polyphonique énoncé à partir de voix variées et d'accents hétérogènes de personnages d'origines différenciées (par ethnie, langue, nationalité ou orientation sexuelle) qui se croisent à l'intérieur du microcosme à la fois simple et féerique de Québec. La ville avec ses grandes et petites rues et ses lieux emblématiques constitue la toile [End Page 195] de fond de la narration dans chacune des nouvelles. Comme l'auteure elle-même l'indique dans la note qui clôt l'ouvrage, « la Rue St-Jean c'est tout simplement le monde en miniature où se mêlent tous les accents du monde » (119). Au-delà de la rue St-Jean qui est omniprésente dans le texte, d'autres sites caractéristiques captent l'attention du lecteur, tels que le Château Frontenac, le fleuve St Laurent, le Vieux-Québec, ainsi que les bars et les restaurants où convergent les vies et les histoires de ces passants et des protagonistes des nouvelles.

La narration s'articule à partir d'un point de vue alternant et d'une instance narrative qui privilégie le récit à première personne (exception faite du deuxième conte, « Le bonhomme de neige » où le « je » se scinde en « tu ») mais qui ne correspond pas toujours à une forme d'expression autobiographique. Le « je » dans le premier conte qui donne au recueil son titre est l'expression de la voix d'une jeune femme qui retrace les étapes de sa vie après l'obtention du diplôme (un nouveau travail dans le Vieux Québec, un nouvel amour rencontré par hasard, la découverte de la vérité sur son passé de fille adoptée) ; le sujet narrant dans le troisième conte intitulé « Exotismes » est un Congolais « triplement immigré » (63) qui a laissé son épouse et ses filles en France pour trouver un emploi et le bonheur au Québec en passant d'abord par Londres. Le « je » retrouve sa dimension plus strictement autobiographique dans « Le sublime est-il forcément désirable ? » où la narratrice, philosophe comme l'auteure elle-même reçoit la visite de ses parents de Pointe-Noire, (ville d'origine de Pemba) et les implique dans l'expérience typiquement québécoise du covoiturage.

La force de l'écriture de Pemba ne réside pas forcément dans la sophistication de la construction stylistique qui demeure parfois disjointe avec des intrigues qui n'enchaînent pas les événements de façon conséquentielle et qui n'aboutissent pas à un dénouement toujours crédible. Néanmoins, le texte met en relief de manière convaincante et efficace la primauté des relations humaines et l'importance du concept de communauté si cher aux Québécois. La diégèse progresse de façon instinctive, suivant l'itinéraire émotionnel des rencontres fortuites, des interactions avec les collègues du travail...

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