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  • Littérature de jeunesse
  • Suzanne Pouliot
Morzewski, Christian, coord. Korczak, la cause des enfants. Cahiers Robinson 42 ( 2017). ISBN 9782848322155. 154 p.

Issu d'un colloque tenu à l'Université d'Artois les 15 et 16 septembre 2016, en coopération avec l'Institut de civilisation et d'études polonaises (ICEP), ce numéro consacré à Henry Goldszmit, alias Janus Korczak (1878–1942), présente en dix articles l'éditeur, l'écrivain, le pédagogue. Ce pédiatre libéral au service de la bourgeoisie varsovienne fonda et dirigea, à partir de 1912 et jusqu'à sa mort, des orphelinats pour enfants issus des classes les plus misérables du prolétariat juif et catholique. Katia Vandenborre introduit Janus Korczak et la maison d'édition Mortkowicz, la matrice oubliée d'un écrivain pour la jeunesse (9–20). À partir de 1920, le médecin/pédagogue publie tous ses livres pour enfants et ses ouvrages pédagogiques, comme Le Droit de l'enfant au respect, chez cet éditeur, et même audelà de la mort de ce dernier. L'auteure cherche à comprendre ce qui a uni l'auteur à Jakub Mortkowicz et à Janina Horwitz, et si ces derniers l'ont influencé. À cette fin, Vandenborre explore trois hypothèses qui ont vraisemblablement uni les deux hommes et Janina, mais s'attarde surtout sur la création d'une collection de livres [End Page 280] pour enfants qu'initie Janina et à laquelle souscrit Korczak. Guillemette Tison étudie Le Roi Mathias, un récit à double fond (21–29). Préoccupé par la cause des enfants, Korczak publie à leur intention Le Roi Mathias 1er (1922), roman traduit en français en 1967, et Le Roi Mathias sur une île déserte (1923), roman traduit en français en 2012. Ces romans, inspirés de contes merveilleux à connotation fantastique et de la farce selon la tradition carnavalesque, expriment des vérités universelles en s'inscrivant dans la forme canonique de la robinsonnade. Tout en voulant faire œuvre éducative, le romancier sème des clichés et des stéréotypes concernant, notamment, les Noirs africains, selon l'esprit colonial de l'époque et la vision européocentriste des années 1920.

À l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Janus Korczak, cinq œuvres (documentaire, album, roman historique) paraissent en trois ans et témoignent des visées littéraires, sociales et idéologiques des auteurs et des maisons qui les ont publiées. C'est à la lumière de ces publications qu'Éléonore Hamaide-Jager (31–40) s'intéresse à la représentation de cet écrivain en littérature de jeunesse. Elle constate que les lignes éditoriales d'Oskar éditeur, des éditions des Éléphants, et de Rue du monde orientent les propos et les images attribués à l'écrivain, car elles partagent en filigrane les valeurs de solidarité, d'engagement, de conscience sociale qui ont orienté la vie du médecin, sans pour autant négliger ses dépressions, ses difficultés et sa déportation.

En examinant au plus près cinq publications consacrées au pédagogue, Béatrice Finet constate que ce qui se dégage des biographies est le portrait d'un héros, au détriment du rôle qu'il a joué comme éducateur et écrivain (41–50). Zofia Bobowicz présente, dans un premier temps, la genèse du mouvement korczakien, mouvement devenu mondial (51–54). Elle signale que le nom de Janusz Korczak, "auréolé en Pologne par sa mort tragique au camp d'extermination de Treblinka avec les enfants juifs dont il avait la charge dans le ghetto de Varsovie, n'était connu en France que par un groupe restreint de rescapés de la Shoah" (51). À la suite de nombreuses démarches fructueuses, Bobowicz fut sollicitée pour traduire en français l'ouvrage pédagogique Comment aimer un enfant, publié par Robert Laffont en 1978, dans la collection "Réponses," et préfacé par Bruno Bettelheim. Par la suite, Bobowicz entreprit la traduction de plusieurs ouvrages dont Le Droit de l'enfant au respect. Pour redonner un nouveau souffle à l'œuvre, en 2009, les éditions Fabert créent la collection "Janusz Korczak" en hommage...

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