Abstract

Abstract:

Tout au long de sa carrière d'écrivaine, Maryse Condé a privilégié la voix de la nature dans son œuvre, une voix qui se fait entendre dans ses rapports avec les personnages de ses textes et qui se reflète de plus en plus dans le réseau narratif de ses romans. En nous servant des distinctions entre le livre-racine et le livre essentiellement rhizomique, élaborées par Deleuze et Guattari, nous explorerons les rapports entre la racine et le rhizome à partir de Hérémakhonon, où prédominent la racine, l'arbre généalogique et le passé. Ensuite, nous retracerons l'évolution de la métaphore du rhizome dans quatre textes où le passé s'incorpore au présent et où la nature se mêle organiquement aux vies des personnages, habitant un monde de connexions et de possibilités imprévues. Dans Traversée de la mangrove, la voix de la nature inspire, console, conseille et joue un rôle dans les transformations personnelles qui se produisent dans le roman. Dans la nouvelle intitulée "Pays mêlé" et dans Desirada, l'arbre généalogique comporte des filiations et des greffes imprévisibles, et le personnage principal de Desirada, Marie-Noëlle, échappe à la mort grâce aux forces guérisseuses de la nature. Pourtant, c'est dans En attendant la montée des eaux que la nature parle le plus fort et c'est une nature enragée, dévastée et dévastatrice qui nous avise que la toile de la vie est menacée par les injustices et les excès humains. Le modèle rhizomique informe l'intrigue et la narration de ce roman, qui s'achève par un avertissement contre le narcissisme et les violences commises par ceux qui ne se respectent pas les uns les autres, favorisent les divisions sociales et politiques et méprisent le monde naturel.

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