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  • "Amul Yakar, c'est moi"Entretien avec Mansour Sora Wade
  • Sarah B. Buchanan
Sarah Buchanan:

Merci beaucoup, Mansour Sora Wade, de m'avoir donné cette opportunité de vous rencontrer pour parler de votre film Ndeysaan: Le Prix du pardon.1 Je voudrais commencer par quelques questions biographiques. Pourriezvous me dire où vous êtes né et de quelles ethnies sont vos parents?

Mansour Sora Wade:

D'abord, bonjour! Je suis Mansour Sora Wade. Aujourd'hui, nous sommes à Dakar le 21 mai 2016, dans un restaurant au bord de la mer. Je suis né à Ouakam, un village lébou au bord de la mer à quelques kilomètres de Dakar. Mes parents sont wolofs, du sous-groupe ethnique lébou, qui sont des habitants de la côte, des pêcheurs.

SB:

Avez-vous grandi à Dakar?

MSW:

J'ai grandi à Ouakam.

SB:

Où avez-vous fait vos études et quelles ont été vos influences cinématographiques importantes?

MSW:

J'ai fait mes études à l'université Cheikh Anta Diop à Dakar et, ensuite, à Paris à l'université Paris VIII en cinéma. Quand je faisais mes études en France, j'étais très intéressé par le cinéma japonais et le cinéma indien parce que j'avais remarqué qu'on y trouvait des choses similaires dans leur rapport à la culture: on voit que les Japonais et les Indiens ont une perspective intéressante. Par exemple, ils s'assoient par terre, mangent par terre donc, dans leurs films, il y a une façon particulière d'utiliser la position de la caméra qui a un rapport avec leurs habitudes, leurs modes de vie. D'ailleurs, dans ce mode de vie, il y a aussi des choses qui sont similaires à notre culture sénégalaise. Je regardais beaucoup de films de Satyajit Ray et je regardais pratiquement tous les films japonais qui me passaient sous la main, parce que c'étaient des films où les Japonais parlaient beaucoup de la tradition. Tout y était lié. J'avais vu un film japonais intitulé Kwaïdane, de Masaki Kobayashi, un [End Page 165] long métrage composé d'une série de contes. Et c'est là que j'ai commencé à m'y intéresser. Je me suis dit: le jour où je vais retourner dans mon pays, je vais m'intéresser à la littérature et à la tradition orales. C'est comme ça que, quand je suis arrivé au Sénégal, j'ai commencé à travailler à la télévision et à adapter des contes et tout ce qui était en relation avec la mythologie africaine.

À l'époque, il y avait un ministre de la Culture qui avait vu les films que je faisais pour la télévision et qui s'est dit: "Mais qui est ce jeune homme là?" Sa femme travaillait dans un service qui s'appelait le Centre d'études des civilisations, consacré à des recherches sur la littérature et la tradition orales. Le ministre m'a reçu et m'a demandé si je n'avais pas envie de venir travailler aux archives culturelles du Sénégal, ce que j'ai accepté. Ce que j'y faisais alors, c'était m'occuper du service audiovisuel. Mon autre travail consistait à parcourir le Sénégal pour collecter tout ce qui était en relation avec la littérature et la tradition orales. Et on archivait. C'est là, en fait, que j'ai commencé à m'intéresser réellement à tout ce qui touche à la mythologie. J'ai fait plusieurs courts métrages dont les plus connus sont Picc Mi, qui est l'adaptation d'un conte qui a été repris en chanson par Youssou N'Dour, et Fary l'ânesse, qui était également en relation avec le conte et la littérature orale. J'aime ce qui touche à la tradition africaine et à la mythologie.

SB:

Pourquoi avez-vous choisi le livre de Mbissane Ngom pour votre film?

MSW:

J'avais envie de faire un long métrage et je cherchais une histoire en relation, toujours, avec l'oralité sénégalaise. J'avais envie d'adapter un roman. Je suis allé aux Nouvelles Éditions Africaines et j'ai commencé à chercher. Le directeur...

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