In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • La Musique française dans l'Europe musicale entre Berlioz et Debussy: 1863–1894 by Frédéric Robert
  • Nina Rolland
La Musique française dans l'Europe musicale entre Berlioz et Debussy: 1863–1894. Par Frédéric Robert. (Univers musical.) Paris: L'Harmattan, 2017. 422 pp.

L'Europe musicale de la seconde moitié du dix-neuvième siècle ne se résume pas à la seule musique de Wagner. Si la 'réforme de Wagner' (p. 14) a été déterminante pour la plupart des créations musicales—les compositeurs étant automatiquement vus soit comme défenseurs soit comme détracteurs du 'Dieu de Bayreuth' (p. 31)—l'ouvrage de Frédéric Robert montre que dans la période encadrant Les Troyens de Berlioz (1863) et le 'Prélude à l'après-midi d'un Faune' de Debussy (1894), l'histoire musicale fut bien plus riche et complexe qu'on ne le pense. À travers un réseau d'influences érudit et balisé par les courants d'avant-garde en peinture, poésie et prose, Robert montre les multiples ponts érigés entre la musique française et les écoles européennes (allemande, russe, tchèque, norvégienne, italienne). Consacrée à ces dernières, la première partie de l'ouvrage souligne le patriotisme de certaines œuvres (affirmation du peuple russe chez Moussorgski, de la patrie chez Dvořák), l'influence française sur d'autres (Tchaikovski préférait Bizet à Wagner), ou encore les audaces de certaines (le rythme chez Brahms, la déclamation chez Hugo Wolf, les dissonances des dernières pièces pour piano de Liszt). Loin de proposer une stricte opposition, la deuxième partie, retraçant l'évolution de l'école française, constitue un dialogue avec les courants européens passés, contemporains et futurs. Robert rappelle que la création de la Société nationale de musique en 1871 avait pour but, à l'origine, de faire entendre des partitions françaises aussi bien qu'étrangères. En effet, l'affirmation de l'école française en cette fin de siècle ne passe pas tant par un positionnement esthétique géographique que temporel, entre les compositeurs rattachés au romantisme, tel César Franck dans ses poèmes symphoniques, et ceux qui opèrent une 'mutation antiromantique' (p. 91) comme Saint-Saëns. En outre, Robert analyse minutieusement les autres genres qui ont marqué l'école française: l'opérette avec l'omniprésence d'Offenbach (honnie par Zola), et la mélodie française 'affermie' par Henri Duparc (p. 180). Dans un style léger mais rigoureux, Robert ponctue son histoire de la musique d'anecdotes biographiques opportunes, d'exclamations et de superlatifs. Ainsi, il n'hésite pas à qualifier certaines œuvres de chefs-d'œuvre (la 'Sonate' de Franck, les mélodies de Duparc), certains musiciens de génies (Wagner, Brahms), voire de prophètes (Bizet, Franck, Chabrier, Duparc, Chausson). Ces derniers ont en effet ouvert la voie à Debussy sur lequel se clôt le dernier chapitre du livre. Les premières œuvres de Debussy, déjà chefs-d'œuvre accomplis d'après Robert, portent en elles les prémisses de Pelléas et Mélisande, mais aussi des œuvres de Schönberg. En somme, cet ouvrage, concis et riche, démontre que la musique française a grandement rayonné à l'étranger en cette fin de siècle, ne serait-ce que par l'influence incontestable de Carmen, mais également au-delà des frontières temporelles délimitant l'ouvrage. Celui-ci donne avec succès une vue d'ensemble de l'Europe musicale et artistique fin-de-siècle, complétée par des tableaux très précis des évènements culturels et historiques de l'époque en annexes. Le seul léger bémol qui pourrait être relevé est le peu de compositrices mentionnées; certes Louise Farrenc est citée, mais [End Page 458] son œuvre aurait mérité une attention plus particulière, de même que d'autres compositrices de l'époque qui auraient pu être incluses (Augusta Holmès, Cécile Chaminade).

Nina Rolland
University...

pdf

Share