Abstract

Abstract:

This article examines concepts of ‘home’ and ‘abroad’ for migrants and citizens in the twilight of empire. It focuses on the ‘cheminots refoulés’, railway workers with origins in the former French Sudan (today’s Republic of Mali) who were expelled from Senegal shortly after both territories declared independence, and other ‘Sudanese’ settled in Senegal, sometimes for several generations. Using newly available archives in France, Mali and Senegal, and interviews with former cheminots and ‘Sudanese migrants’ on both sides of the border, this article seeks to historicize memories of autochthony and allochthony that have been constructed and contested in postcolonial nation-building projects. The Mali Federation carried the lingering memory of federalist political projects, but it proved untenable only months after the Federation’s June 1960 independence from France. When member states declared independence from each other, the internal boundary between Senegal and the Sudanese Republic became an international border between Senegal and the Republic of Mali. In the wake of the collapse, politicians in Bamako and Dakar clamoured to redefine the ‘nation’ and its ‘nationals’ through selective remembering. Thousands of cheminots and ‘Sudanese migrants’ who had moved to Senegal from Sudan years (or decades) earlier were suddenly labelled ‘foreigners’ and ‘expatriates’ and faced two governments eager to see them ‘return’ to a hastily proclaimed nation state. This ‘repatriation’ allowed Republic of Mali officials to ‘perform the nation’ by (re)integrating and (re)membering the migrants in a nascent ‘homeland’. But, having circulated between Senegal and Sudan/Mali for decades, ‘Sudanese migrants’ in both states retained and invoked memories of older political communities, upsetting new national priorities. The loss of the Mali Federation raises questions about local, national and international citizenship and movement in mid-century West Africa. Examining the histories invoked to imagine postcolonial political communities, this article offers an insight into the role that memory has played in constructing and contesting the nation’s central place in migration histories within Africa and beyond.

Résumé:

Cet article examine les concepts « d’être chez soi » et « d’étranger » pour les migrants et les citoyens au crépuscule de l’empire. Il porte son attention sur les « cheminots refoulés » originaires de l’ancien Soudan français (l’actuelle République du Mali) qui furent expulsés du Sénégal peu après la déclaration d’indépendance de ces deux pays. Il s’intéresse également aux autres « Soudanais » installés au Sénégal, parfois sur plusieurs générations. À partir d’archives récemment ouvertes en France, au Mali et au Sénégal, et d’entretiens avec d’anciens cheminots et « migrants soudanais », de part et d’autre de la frontière, cet article cherche à historiciser les mémoires d’autochtonie et d’allochtonie construites et contestées dans des projets postcoloniaux de construction nationale. La Fédération du Mali se voulait porteuse de la mémoire persistante de projets politiques fédéralistes, mais elle s’avéra indéfendable quelques mois seulement après l’indépendance de la Fédération de la France en juin 1960. Avec la rupture de la Fédération, la frontière intérieure entre le Sénégal et la République soudanaise devint une frontière internationale entre le Sénégal et la République du Mali. À la suite de cet effondrement, les politiciens à Bamako et à Dakar appelèrent à redéfinir la « nation » et ses « nationaux » par un processus de souvenir sélectif. Des milliers de cheminots et de « migrants soudanais » qui avaient quitté le Soudan pour se rendre au Sénégal des années (voire des décennies) auparavant furent soudain étiquetés « étrangers » et « expatriés », confrontés à deux gouvernements désireux de les voir « retourner » dans un État-nation proclamé à la hâte. Ce « rapatriement » permit aux responsables de la République du Mali de « performer la nation » en (ré)intégrant les migrants et en les obligeant à (ré)adhérer à une « patrie » embryonnaire. Or, ayant circulé entre le Sénégal et le Soudan/Mali pendant des décennies, ces « migrants soudanais » conservaient des souvenirs de communautés politiques bien plus anciennes, qu’ils commencèrent dès lors à revendiquer, contrariant ainsi les nouvelles priorités nationales. La fin de la Fédération du Mali interroge les citoyennetés locales, nationales et internationales et la mobilité en Afrique de l’Ouest dans la deuxième moitié du vingtième siècle. En examinant les récits invoqués pour imaginer des communautés politiques postcoloniales, cet article apporte un éclairage nouveau sur le rôle qu’a joué la mémoire dans la construction et la contestation de la centralité de la nation dans les récits migratoires en Afrique et ailleurs.

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