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  • Le Parti socialiste unifié. Histoire et postérité par Noëlline Castagnez et al.
  • Gerd-Rainer Horn
Noëlline CASTAGNEZ, Laurent JALABERT, Marc LAZAR, Gilles MORIN et Jean-François SIRINELLI (dir.), Le Parti socialiste unifié. Histoire et postérité, Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Histoire », 2013, 336 p.

Après Le PSU vu d'en bas 10 et Au cœur des luttes des années soixante. Les étudiants du PSU 11, il existe désormais un troisième livre autour du phénomène du Parti socialiste unifié. Les deux premiers se concentraient sur des aspects plutôt spécifiques (l'enracinement local et régional, le monde universitaire), le dernier est une collection d'études très complète. Le PSU, courant méconnu, est donc devenu un sujet de travaux approfondis.

Ce volume couvre la haute politique, les interactions du PSU avec toute une gamme de mouvements sociaux contemporains, et la vie du parti à la base. Le livre est organisé en quatre sections qui suivent la chronologie de l'évolution de la société française et du parti en plaçant en son centre 1968 comme année charnière. La première moitié du livre s'intéresse plus particulièrement aux relations avec la Section française de l'internationale ouvrière (SFIO) et aux enjeux électoraux ; les deux dernières parties se consacrent plutôt au rôle du PSU dans les contestations politiques et sociales des années 68.

Quelles conclusions émergent de la lecture de ces chapitres, toujours bien développés et documentés ? Du début à la fin de l'« expérience PSU », la sociologie des membres du parti est orientée vers l'avenir plutôt que vers le passé. Les cols blancs, cadres et étudiants sont surreprésentés, tandis que le nombre d'ouvriers reste assez faible. Néanmoins, comme le remarque Vincent Porhel pour la période post-1968, « la composante ouvrière, du moins jusqu'en 1974, est loin d'être anecdotique » (p. 213), même si les « militants usiniers du PSU sont des techniciens ou des ingénieurs » (p. 214) plutôt que des cols bleus traditionnels. Et, comme le souligne Yannick Drouet, même après 1974, le PSU reste attractif pour les vagues d'adhérents qui « appartiennent massivement aux professions intermédiaires et aux professions intellectuelles supérieures avec beaucoup d'enseignants (ce qui n'est pas nouveau) et de travailleurs du secteur social et culturel (éducateurs, animateurs, salariés du secteur hospitalier) » (p. 309).

Si, au début de « l'effet PSU », le parti profite entre autres de l'afflux des vétérans de l'entre-deux-guerres (blumistes, pivertistes), la vague d'adhésions autour de 1968 [End Page 151] « rajeunit aussi le parti, dont un tiers des adhérents a désormais moins de trente ans » (p. 181). Parallèlement à ce renouveau générationnel, le PSU subit une évolution politique et culturelle assez sensible, marquée par « un impressionnant processus de radicalisation idéologique » (p. 187). Ce ne sont plus vers les partis socialiste et communiste que s'orientent les militants du PSU mais, au moins pour quelques années, vers le milieu gauchiste. Au début de cette période « maximaliste », c'est plutôt le milieu trotskiste qui se montre prêt à entamer des projets coopératifs. Après cet interlude marqué par des sympathies pour la politique de l'extrême gauche, qui dure de 1968 à 1972, l'aile gauche du PSU continue à afficher un penchant pour le maoïsme.

Contrairement aux grands partis de gauche (SFIO/Parti socialiste et Parti communiste français), le PSU a été partie prenante des mouvements sociaux. Comme Xavier Vigna le souligne à propos des événements de mai-juin 1968, le PSU « fut à l'aise dans le mouvement, et parvint à en saisir l'esprit sans jamais prétendre en prendre véritablement la tête » (p. 171). Cette affinité pour le militantisme se traduit par un engagement fort aux côtés des luttes écologistes, régionalistes, antimilitaristes et féministes, même si ces nouveaux mouvements sociaux sont nés indépendamment...

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