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  • Genève face à la catastrophe, 1350-1950. Un retour d'expérience pour une meilleure résilience urbaine par Emmanuel Garnier
  • Johan Vincent
Emmanuel GARNIER, Genève face à la catastrophe, 1350-1950. Un retour d'expérience pour une meilleure résilience urbaine, Genève, Éditions Slatkine, 2016, 196 p.

Le discours politique vis-à-vis des catastrophes naturelles est ambivalent : il s'agit d'anticiper les conséquences fâcheuses des phénomènes en informant la population, tout en évitant d'ébruiter les faits passés sous peine d'apeurer ladite population. Emmanuel Garnier le démontre bien quand il s'appuie sur le site internet de la ville de Genève, qui déclare qu'aucune catastrophe, concernant Genève, n'a été référencée par le portail français de la prévention des risques majeurs, et sur les travaux du Conseil fédéral helvétique où, en termes de menaces et de dangers, les catastrophes naturelles ou anthropiques sont en tête. La Suisse n'est pourtant pas connue pour ses autorités minorant les risques, même si l'obligation d'abris atomiques dans les zones habitées n'a plus cours depuis 2012. Mais tout est fait pour que la réputation de Genève, hub international connecté au monde en continu, ne soit pas entachée d'un soupçon de vulnérabilité.

En 2014, Emmanuel Garnier a bénéficié d'une bourse de chercheur invité à l'Université de Genève, financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifque. Ses recherches, intégrées dans le cadre du projet de recherche « Pump priming a historical database of extreme natural events in Lake Geneva region », ont nourri la dimension sociale de l'ouvrage, qui n'avait pas pu être exploitée jusqu'alors : il s'agit de porter à la connaissance la résilience d'un peuple urbain durant sept siècles, du plus ancien document–les autorités genevoises conservent leurs témoignages écrits depuis 1371–jusque dans les années 1950. Emmanuel Garnier fait régulièrement un va-et-vient avec les affaires françaises, en particulier avec la région lyonnaise, où le Rhône passe également. Éminent spécialiste de l'histoire du climat et des catastrophes naturelles, il est très à l'aise pour faire le rapprochement avec d'autres événements qu'il a eu l'occasion d'étudier.

Dans les archives, d'une grande variété, l'auteur a retrouvé 133 événements extrêmes qui se sont déroulés à Genève : des grands froids, des tremblements de terre, des inondations, des sécheresses, même un tsunami, ont eu des conséquences sévères sur l'organisation économique et sociale de la cité. Il souligne que le Petit Âge glaciaire n'a pas empêché les sécheresses, tout comme une augmentation annoncée des températures avec le changement climatique actuel ne nous préservera pas des grands froids. Ce retour aux archives nous permet de comprendre les dangers d'une généralisation globalisante : comme l'historien, il nous faut mieux appréhender cette expérience longtemps dédaignée, disponible dans les archives. Ainsi pourrons-nous espérer mieux comprendre pourquoi, par exemple, le nombre de sécheresses est plus important durant la première moitié du XXe siècle que durant la seconde moitié, ou pourquoi la période de retour d'une inondation est deux fois plus courte au XIXe siècle (dix ans) qu'au XXe siècle (vingt ans). [End Page 131]

Le réfexe qui est le nôtre de nous tourner vers l'ingénieur, pensant que nous sommes désormais mieux armés face à ces aléas, ne marque pas l'entrée dans une ère nouvelle. Par le passé, les autorités locales n'ont pas été passives face à la catastrophe : Emmanuel Garnier le démontre, et ce dès le milieu du XVe siècle, avec la stratégie foncière qui a consisté à travailler sur le cours d'eau de l'Arve.

Le style, très vivant, permet...

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