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Reviewed by:
  • Rethinking Canadian Economic Growth and Development since 1900: The Quebec Case by Vincent Geloso
  • Stéphanie O’Neill
Rethinking Canadian Economic Growth and Development since 1900: The Quebec Case. Vincent Geloso. Cham, Suisse: Palgrave Macmillan, 2017. Pp. xxi + 212, 129 $ relié, 99 $ numérique

Cet ouvrage sur l’histoire économique du Québec depuis 1900 est plus que bienvenu étant donné l’importance du sujet et son nombre restreint d’adeptes. Titulaire d’un doctorat en histoire économique, Vincent Geloso cherche dans cette monographie à réfuter l’assimilation du Québec des années 1940 et 1950 à une Grande Noirceur oppressante suivie d’une glorieuse Révolution tranquille. Il affirme qu’après un début de siècle sous le signe de l’appauvrissement comparativement à l’ensemble du pays, la période 1945–1960 est le théâtre d’un « Great Catch-Up » face au reste du Canada. Ce rattrapage aurait été rendu possible par les politiques économiques alors en place. Pendant la période 1960–1975, cet élan économique n’aurait, globalement, que poursuivi sur sa lancée et porté fruit non pas en raison, mais bien en dépit de l’intervention étatique accrue associée à la Révolution tranquille (rebaptisée le Quiet Decline). Trop radicale dans son désir de rompre avec la tradition, celle-ci aurait nui à la croissance économique. Le déclin, relativement au reste du Canada, se poursuivrait depuis.

Les historien(ne)s s’efforcent de nuancer le portrait trop sombre de la Grande Noirceur et celui, idyllique, de la Révolution tranquille depuis quelques décennies déjà, mais Geloso affirme s’en distinguer par sa mise en lumière du Great Catch-Up et en n’identifiant pas de transformations majeures dans la période 1960–1975. C’est peut-être ce qui explique la sous-représentation de l’historiographie franco-québécoise qui, pourtant, prive l’ouvrage d’informations cruciales. Par exemple, tenir compte des travaux sur la crise du logement qui sévit à Montréal dans les années 1940 aurait nuancé l’assimilation de la croissance de la construction résidentielle relativement au nombre d’habitants pendant l’après-guerre à un signe que les Québécois atteignent une aisance leur permettant notamment d’acquérir une résidence secondaire (129). Plusieurs interprétations font ainsi, pour le moins, sourciller, surtout à la lumière des portraits complexes qu’a brossés l’historiographie, comme l’insistance de l’auteur sur l’aspect légalement non coercitif de l’influence de l’Église catholique avant 1960 (83) ou son attribution, « to a large degree », de la baisse du nombre de mariages pendant l’après-guerre au fait que « Québec women came to realize that they could aspire to a better life than one that confined them to a household under their husband’s purview » (85). [End Page 298]

Résolument libérale au sens économique du terme, l’analyse appréhende le passé par le biais des outils statistiques et des théories économiques, insiste sur les résultats des politiques mises en place et adopte une approche contre-factuelle de l’histoire. La démonstration met d’abord en lumière, par un recours aux données statistiques souvent illustrées par des graphiques, les caractéristiques et les transformations de la période 1900–1939, puis du Great Catch-Up, qu’expliquent les chapitres subséquents. En est ensuite fait de même avec la période allant de la Révolution tranquille à aujourd’hui. L’ouvrage est à son plus intéressant dans l’exposé statistique du rattrapage économique–et social, quoique l’historiographie, mieux mise à profit ici, en a déjà examiné certains aspects–du Québec par rapport au Canada pendant l’après-guerre. Les explications des tendances observées constituent le point faible puisqu’on ne parvient pas toujours à se rendre là où l’ouvrage veut nous amener : les arguments avancés reposent sur des preuves insuffisantes, n’évoquent pas des facteurs susceptibles d’entrer (aussi) en ligne de compte ou versent dans l’affirmation alors que les données ne permettent que des hypoth...

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