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  • Francus en Normandie. Une épigramme latine de Jacques de Cahaignes pour Le Puy de Caen (1574)
  • John Nassichuk

La première réception de La Franciade

Dans un chapitre sur la première réception de La Franciade par les poètes français suite à la parution de l'édition originale en septembre 1572, D. Bjaï signale fort utilement l'usage que fait Amadis Jamyn, poète et secrétaire fidèle de Ronsard, de la matière puisée au texte de son maître lorsque le poète chaourcien s'aventure, s'inspirant de la Franciade qu'il connaît fort bien, à composer ses propres vers. Une prosopopée de Catherine de Médicis, intitulée "Epistre envoyée par la Royne Mere au Roy de Pologne son fils," évoque en effet la figure centrale de l'épopée ronsardienne pour comparer son éloignement de la ville de Troie au départ d'Henri d'Anjou vers la Pologne. "De même que l'abeille vendômoise a butiné les fleurs de la littérature classique, écrit D. Bjaï, de même le poète moderne peut-il désormais faire son miel de la réserve de topoi que lui offre La Franciade" (386). Ce constat ne vaut pas uniquement pour Amadis Jamyn, comme le montre plus loin D. Bjaï, mais rend compte d'une véritable mode d'imitation et d'émulation, en pleine vigueur pendant les mois écoulés après la publication initiale du grand poème de Ronsard si longuement attendu du public lettré. Même la mort brutale de Charles IX, le souverain dédicataire et héros mythifié de l'œuvre, survenue fin mai 1574, n'a guère empêché poètes, orateurs et organisateurs de fêtes publiques de faire bon usage des quatre livres d'hendécasyllabes imprimés sur les presses parisiennes de Gabriel Buon dans les jours qui suivirent la Saint-Barthélemy.

D'une grande diversité en effet sont ces emplois faits de La Franciade, dont les traces écrites et documentaires, recensées de façon peu exhaustive encore aujourd'hui, témoignent de l'engouement réel que les contemporains [End Page 49] du poète ont éprouvé pour ce texte inachevé à travers lequel Ronsard avait espéré réaliser le rêve de grand épopée français que Joachim Du Bellay et bien d'autres avaient appelé de leurs vœux (Himmelsbach 29-41; Méniel 19, 89). Ces manifestations ne se limitent pas aux productions d'ordre strictement "littéraire," ce qu'une lecture des livrets des entrées solennelles qui ont marqué les débuts du règne d'Henri III permet d'observer. Ainsi, le petit opuscule intitulé Discours de l'entrée faicte en Avignon, à très noble et illustrissime prince, Monseigneur le Cardinal de Bourbon Légat, le 26 octobre 1574, que signe le jeune poète langrois Pierre Constant, fait état d'inscriptions sur l'architecture éphémère préparée pour l'évènement, puisées directement au poème ronsardien et modifiées pour la présentation visuelle (Nassichuk, "La Franciade à Avignon"). La célèbre entrée lyonnaise de Henri III, qui se déroula début septembre 1574, fut elle aussi l'objet d'une publication commémorative, dans laquelle le poète et polygraphe Gabriel Chappuys évoque les aventures de Francus.1 Dans une contribution récente, P. Usher a bien mis en évidence l'intérêt des peintres du dernier quart du seizième siècle, et des premières années du siècle suivant, pour l'épopée dont la critique moderne a longtemps débattu en termes de "réussite" ou d' "échec" (145). Ainsi, bien que le cycle de Toussaint Dubrueil sur La Franciade fût commandé par Henri IV aussi tardivement que 1594, le peintre se montre toujours fidèle, suggère ce critique, au texte de 1572.

L'épigramme du manuscrit 101 de la Collection Mancel

Parmi les textes et documents littéraires qui portent la trace d'un "écho" rendu à La Franciade lors des festivit...

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