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  • Les Délices du feu: l’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne par Olivier Jandot
  • Edward Ousselin
Les Délices du feu: l’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne. Par Olivier Jandot. Ceyzérieu: Champ Vallon, 2017. 352 pp., ill.

Comment les fluctuations de température, et surtout les périodes de grand froid, étaientelles perçues du seizième au dix-huitième siècles? De quelles façons se chauffait-on en hiver durant cette période historique? Pourquoi la cheminée, notoirement inefficace sur le plan calorifique, a-t-elle prédominé si longtemps en France alors que l’usage du poêle s’était répandu dans d’autres pays? Le livre d’Olivier Jandot, bien documenté et agrémenté de plusieurs illustrations, a pour objectif de répondre à ces questions. Il est divisé en trois parties. La première est consacrée aux effets plus importants (par comparaison avec notre époque) des variations saisonnières de température sur la vie quotidienne. Dans la deuxième partie, les différentes stratégies autrefois mises en œuvre pour lutter contre le froid sont examinées. La troisième partie évoque ‘les caractéristiques d’une sensibilité au froid et à la chaleur aujourd’hui disparue’ (p. 17). En annexe sont présentés des extraits de plusieurs textes, surtout du dix-huitième siècle, qui constituent des témoignages sur le froid, ses conséquences et les moyens utilisés pour s’en préserver. Comme le signale l’auteur, pour la plus grande partie de la population, ‘[e]n ces temps-là, mourir de froid appartient au registre du possible’ (p. 54). Phénomène réel, le ‘grand hiver’ dévastateur et meurtrier—Jandot cite l’année 1709 en tant que ‘mètre-étalon’—a longtemps occupé une place exceptionnelle dans la mémoire historique: ‘Son caractère traumatique est par exemple d’autant plus grand qu’il ternit l’éclat d’un règne brillant et qu’il engendre une des dernières crises alimentaires de l’Ancien Régime’ (p. 71). Dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle, ce sont les années 1776, 1784 et 1789 qui restent en mémoire, attestant ‘des difficultés qu’ont les hommes et les femmes du passé à lutter efficacement contre les effets du froid’ (p. 84). Curieusement, alors qu’une chaleur régulière et uniforme se répand ‘dans les intérieurs germaniques du fait de l’utilisation des poêles’ (p. 116), les maisons françaises continuent à n’être chauffées que par des cheminées qui laissent la plus grande partie de l’espace intérieur froid et humide, à tel point qu’il faut souvent porter plus de vêtements à l’intérieur des maisons qu’à l’extérieur. L’inconfort, et souvent le danger, des logements français mal chauffés témoignent d’une résistance culturelle à un progrès technique venu d’ailleurs, ainsi que d’un attachement longtemps indéfectible à la cheminée en tant que point central de la maison et de la convivialité qui s’y établit. Même dans les demeures aristocratiques les plus luxueuses, on souffre du froid, alors même qu’on se réunit autour du feu qui crépite dans l’âtre, mais qui ne peut diffuser une chaleur égale à travers la pièce. Jandot inclut de nombreuses citations littéraires (de Monaigne, Saint-Simon, Diderot ou Rousseau, par exemple) sur la perception du froid, un fléau omniprésent et apparemment sans remède qui ne commence à être combattu efficacement qu’à la fin du dix-huitième siècle. L’adoption tardive du poêle dans les habitations françaises constitue selon Jandot le signe d’une ‘mutation des sensibilités [. . .] qui conduira aux modes d’appréciation du froid et de la chaleur qui sont les nôtres’ (p. 265). [End Page 315]

Edward Ousselin
Western Washington University
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