Abstract

Résumé:

Cet article examine les affinités formelles et thématiques qui s'établissent entre la poésie de Tahar Djaout, son écriture romanesque et son écriture journalistique dans Solstice barbelé et dans Les Vigiles. Dans Solstice barbelé, Djaout exploite la figure du poète exclu de la société, la virulence verbale et textuelle, et les ruptures de sens pour exposer la continuité entre régime colonial et régime de l'indépendance. Les Vigiles reprennent la même critique sous format romanesque mais à partir d'un humour noir caustique. Au poète de Solstice barbelé succède l'intellectuel au rebut, et à la politique de la colère celle de l'humour. L'humour djaoutien procède du mélange des genres et recycle l'ironie, l'absurde, le clownesque et le merveilleux. Ce faisant, il transpose au sein du roman, une oralité et une langue de résistance poétique « souterraine », une autre écriture de l'Histoire, occultée par un pouvoir luimême englué dans l'absurde et le modernisme. On aboutit ainsi à une nouvelle forme d'humour noir. L'écriture romanesque rejoint alors la virulence de l'écriture de la colère de Solstice barbelé.

Abstract:

This article examines textual and thematic connections between Tahar Djaout's poetry, his fictional writings, and his journalistic writings, focusing closely on the poetry collection Solstice barbelé and the novel Les Vigiles. In Solstice barbelé, Djaout uses the figure of the poet excluded from society, and verbal and textual violence to denounce colonial and post-independence regimes. Les Vigiles also criticizes these regimes, but through caustic humor. The useless intellectual in the novel replaces the poet of Solstice barbelé, and anger turns into humor. Djaoutian humor mixes genres and recycles irony, the absurd, clownish humor, and the folktale genre. By doing so, it brings orality into the novel and unveils a "hidden" language of resistance, an alternative writing of History that was ignored by a political power itself caught between the absurd and modernism. The result is a new form of dark humor. The politics of fictional writing thus becomes akin to that of Solstice barbelé.

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