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  • Médecine(s) et santé. Une petite histoire globale–19e et 20e siècles by Laurence Monnais
  • Alexandre Klein
Laurence Monnais, Médecine(s) et santé. Une petite histoire globale–19e et 20e siècles. Montréal, Presses de l'Université de Montréal: 2016. 258 pp. 34,95 $ Cdn (papier) 16,99 $ Cdn (e-book).

L'historienne Laurence Monnais, professeure à l'Université de Montréal, a toujours navigué entre l 'étude de la médecine en Asie du Sud-est, qui est sa spécialité première, et celle de la médicalisation occidentale. Son nouvel opus concrétise définitivement la mise en dialogue de ces deux champs d'investigation, en proposant une réflexion historique sur les rapports globaux entre les médecines et la santé.

Paru en 2016 aux Presses de l'Université de Montréal, Médecine(s) et santé. Une petite histoire globale–19e et 20e siècles répondait tout d'abord à un besoin pratique : celui de fournir aux étudiants un manuel accessible et en franc¸ais abordant les grandes lignes de l'histoire de la médecine contemporaine. Loin des volumes traditionnels présentant de manière chronologique et au fil des grands noms et des principales découvertes l'histoire de la science médicale, l'ouvrage de Monnais expose, en trois grandes parties, une réflexion engagée sur les développements de la médecine occidentale contemporaine et sur ses relations avec les autres pratiques et discours de santé. Il est question, autrement dit, de retracer de manière thématique les lignes de force qui ont marqué la genèse de notre situation médicale actuelle, en portant une attention toute particulière aux rapports que cette médecine, aujourd'hui dominante à l'échelle mondiale, entretient avec la problématique plus large de la santé. Comment la médecine occidentale s'est-elle imposée comme la science de la santé, alors même que son objet reste les maladies, et ce au point de faire oublier, par un système complexe d'exclusion-discréditation, les autres pratiques, notamment populaires, de santé ? C'est à cette question que Monnais entend notamment répondre dans cet ouvrage.

Pour ce faire, l'historienne s'attache tout d'abord à retracer, à grands pas, l'émergence de la médecine scientifique occidentale depuis les bouleversements épistémologiques des XVIIe et XVIIIe siècles jusqu'à l'avènement d'une profession à monopole au début du XXe siècle. Elle aborde notamment la socialisation (et la politisation ?) de la médecine qui s'est opérée par le biais de la construction d'une santé publique au fil du XIXe siècle, avant de montrer, habilement, comment les empires coloniaux ont contribué à globaliser ce modèle scientifique et épistémologique inventé en Europe et en Amérique du Nord. La seconde partie de l'ouvrage étudie la rencontre de ce système médical avec les femmes, les fous et les démunis, et ce afin de rappeler que la science médicale contemporaine s'est construite en s'appuyant sur la médicalisation de ces groupes particuliers. Monnais rappelle ainsi, avec fermeté, mais sans arrière-pensée idéologique, les conceptions et pratiques proprement discriminantes sur lesquelles la rationalité [End Page 171] médicale occidentale s'est fondée et qui continuent à la hanter aujourd'hui encore. La troisième et dernière partie, moins unitaire peut-être, porte sur certains aspects de cette biomédecine qui s'est développée au cours de la seconde moitié du XXe siècle et qui a vu se renforcer, notamment sous le coup des développements technologiques, les principes de fonctionnement de la médecine scientifique tout en faisant apparaître certaines de ses failles, laissant ainsi l'opportunité à des discours critiques de se faire jour, du moins pour quelque temps. L'historienne s'arrête tout d'abord sur le concept de biomédicalisation et sur les phénomènes qui le supportent, avant de se pencher sur le rapport contemporain aux médicaments et la pharmaceuticalisation qui...

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