In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Précis de structure syllabique : accompagné d’un apparat critique by Tobias Scheer
  • Andréia de Souza
Tobias Scheer. 2015. Précis de structure syllabique : accompagné d’un apparat critique. Lyon : ENS Éditions. Pp. xx + 321. 24,00 € (broché).

1. L’œuvre

À propos de la syllabe, il a déjà été dit que si « notre intuition ou notre culture linguistique nous porte à nous convaincre relativement facilement de son existence », cette unité « souffre encore actuellement d’une définition incertaine et d’une indétermination de sa nature » (Meynadier 2001 : 91–92). Voilà pourquoi la publication d’une œuvre comme Précis de structure syllabique de Tobias Scheer est d’une pertinence majeure : elle apporte une contribution fondamentale à l’élucidation de cette entité linguistique. Dans cet ouvrage, la syllabe est présentée en tant que « savoir implicite » dont l’existence est « immatérielle » (p. 87). Or, si la mélodie des segments est accessible via le signal phonétique, la réalité de la structure syllabique, quant à elle, ne peut être dévoilée qu’au seul moyen de l’analyse phonologique, comme le démontre judicieusement l’auteur.

Conçue pour les novices, mais au contenu essentiel pour les chercheurs, cette œuvre se distingue par la qualité de réunir un ensemble de phénomènes variés reliés à la structure syllabique ainsi que diverses interprétations — notamment celles développées à l’intérieur du cadre autosegmental des années 1980 — et de pouvoir les synthétiser de façon claire, didactique et cohérente. C’est d’ailleurs au moyen de cet exposé que l’auteur met en évidence les dispositifs que la théorie auto-segmentale a construits pour rendre compte des phénomènes déclenchés par la position des segments dans la syllabe. À partir des exemples provenant de plusieurs langues (comme le français, le gallo-roman, le portugais, l’allemand, les langues slaves, parmi d’autres), l’auteur présente la théorie syllabique classique au moyen d’une analyse qui aborde l’identité de la coda et son effet sur les mélodies, l’algorithme de syllabation, les phénomènes liés aux marges du mot, entre autres.

Néanmoins, loin de se restreindre à une simple présentation de la matière, ce Précis de structure syllabique a aussi la vertu de guider le lecteur vers la constatation des limites de la théorie autosegmentale classique à rendre compte de certains phénomènes observés interlinguistiquement — comme la fortition des consonnes en début de mot et en position appuyée ainsi que la lénition des consonnes en coda et à l’intervocalique — pour ensuite amener le lecteur à les considérer sous le prisme d’une théorie plus récente : CVCV (Lowenstamm 1996, Scheer 2004). Contrairement aux théories autosegmentales traditionnelles, qui proposent une structure syllabique arborescente, la théorie CVCV propose une structure linéaire pour expliquer les phénomènes qui relèvent de la syllabe en particulier, et de la phonologie en général.

D’après CVCV, puisque la tâche de la phonologie est différente de celle de la morphosyntaxe, il en serait de même en ce qui concerne leur mode d’opération. Ainsi, si la morphosyntaxe présuppose la concaténation de deux éléments en [End Page 127] engendrant une structure hiérarchique arborescente de nature récursive (d’après la théorie minimaliste), cela n’est pas le cas de la phonologie. Celle-ci ne concatène rien, et pour cela, elle ne gère pas de structures arborescentes, d’où l’absence de récursivité dans ce module du langage. Selon CVCV, l’inventaire syllabique correspond strictement à une suite linéaire de consonnes et de voyelles où chaque consonne correspond à une attaque et chaque voyelle à un noyau. Ainsi, les attaques et les noyaux sont les seuls constituants syllabiques, et l’existence de l’un implique la présence de l’autre. Pour ce qui est de la hiérarchie entre les constituants, elle s’exprime par des relations latérales, à savoir le licenciement et le gouvernement. Le licenciement a pour effet...

pdf

Share