Abstract

Abstract:

Le niqab, principal sujet du présent article, est le vêtement que portent certaines femmes musulmanes pour cacher leur visage, ne laissant éla vue que leurs yeux. Les porteuses de niqab provoquent beaucoup d'inquiétude dans les pays occidentaux. Elles inspirent une profonde répugnance qui, paradoxalement, concerne le désir, comme je le soutiendrai. Nous devons nous demander pourquoi le niqab dérange tant et qui il dérange, et nous poser ces questions dans un contexte historique précis, en continuant ésuivre de pre's la violence déchainée par les interdictions. À mon avis, en Occident, le niqab crée un profond malaise lié á la connaissance et la possession de la femme qui se couvre. Les interdictions du niqab ordonnent aux musulmanes de se rendre á la supériorité raciale et sexuelle; ce qui est insupportable, c'est leur refus de se soumettre au regard occidental. En ce qui a trait éla possession, et pour montrer ses dynamiques de race, de genre et de sexualité, mon argumentation se déploie en deux volets. D'abord, je me penche sur des instances juridiques interdisant le niqab, principalement sur les sce'nes fantasmatiques de leurs géographies juridiques. Ensemble, ces instances démontrent que la logique juridique primaire sur laquelle reposent les interdictions est pour le moins fragile—l'idée, par exemple, qu'il faut un visage découvert pour interagir socialement. L'illogisme qui caractérise les interdictions m'emme'ne éla psychana-lyse. Ensuite, pour comprendre ce qui est en jeu dans ces moments juridiques ou' le droit abandonne la logique, je me penche sur la nature du sujet dont la cohérence ne peut résister éla vue d'une femme couverte. La nature sexuelle des réactions aux femmes musulmanes portant le niqab, l'ordre qui leur est donné de céder au regard des hommes, requiert que nous prenions en compte le désir. Les interdictions visent érediriger le désir, éen endiguer le flot et éretirer de la vue l'objet du désir. Je m'inspire du travail de Meyda Yeğenoğlu sur le fantasme colonial pour explorer la base psychanalytique des interdictions, en mettant l'accent sur la fac¸on dont le voile et le niqab sont ressentis par plusieurs comme des obstacles au controˆle visuel des femmes musulmanes. Je m'inspire ensuite de Susan Schweik, qui prend l'exemple historique de l'interdiction des mendiants disgracieux. Schweik explore la pulsion scopique sous-jacente aux interdictions—soit le retrait de la vue de quiconque menace la cohérence d'un sujet. Je propose de considérer le dévoilement par la lunette psychanalytique et les lignes spatiales, montrant comment le sujet est rendu racialement et sexuellement superieur en retirant de sa vue la femme qui refuse de ceder a son regard.

Abstract:

The niqab, the main subject of this article, is the garment worn by some Muslim women that conceals the face of its wearer, leaving only eyes visible. The Niqabi, as the wearer of the niqab is called, gives rise to high anxiety in the West. She generates an intense repugnance, a repugnance, I shall argue, that is paradoxically about desire. We need to ask why the niqab unsettles and who is unsettled by it and to ask these questions in a historically specific and contextualized way, keeping a sharp look out for the violence unleashed by bans. I suggest that in the West the niqab generates a deep anxiety surrounding knowing and possessing the woman who is covered. Bans on the niqab express a command to Muslim women to yield to racial and sexual superiority, and what is unbearable is her refusal to yield to the Western gaze. To make my case around possession, and to show its racialized, gendered, and sexualized dynamics, I offer an argument in two parts. First, I turn to legal cases banning the niqab, focusing primarily on the fantasamatic scenes of their legal geographies. Together these cases show that the primary legal logic on which bans rest—the idea, for instance, that an uncovered face is necessary for social interaction, is flimsy at best. The illogic that characterizes bans pushes me in the direction of psychoanalysis. Second, in an effort to understand what is at stake in these legal moments when law abandons logic, I reflect on the nature of the subject whose coherence cannot withstand the sight of a covered woman. The sexual nature of the responses to the Muslim woman wearing the niqab, the command to her to yield to the white masculine gaze, demands that we consider desire. Bans seek to reroute desire, damming up its flow and removing from sight the object of desire. I draw on Meyda Yeǧenoǧlu's exploration of colonial fantasy to explore the psychoanalytic basis to bans, emphasizing how the veil and niqab are experienced by many as obstacles to the visual control of Muslim women. I then turn to Susan Schweik, who considers the historical example of the banning of unsightly beggars. Schweik explores the scopic regime underpinning bans—that is, the removal from sight of anyone who threatens a subject's coherence. I suggest that we consider unveiling along these psychoanalytic and spatial lines, tracing the ways in which the subject is made racially and sexually superior through removing from sight the woman who refuses to yield to his or her gaze.

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