Abstract

Résumé:

Dans cet article je propose d’interpréter Dogville (2003), du réalisateur Lars von Trier, comme un film qui prolonge une tradition philosophique de critique de la réification. En appuyant sur les œuvres de Marx et de Lukács, nous mettons l’accent sur le concept de calcul pour analyser l’histoire de la protagoniste, Grace, en tant que récit d’une exploitation fondée sur des mécanismes d’échange de travail. Notre but n’est cependant pas seulement de décrire ce processus par rapport à l’intrigue du film, mais aussi, et surtout, de caractériser ontologiquement le langage et les dispositifs cinématographiques comme une allégorie visuelle du problème de calcul dans le capitalisme contemporain. En faisant transparaître les « limites » de toute chose (par exemple, celles de l’architecture de Dogville, celles du ratio d’échange de la force de travail de Grace, celles de la diégèse du film), von Trier crée avec Dogville ce que nous appelons un « cinéma calculatoire ». Suivant la notion kantienne de « critique », nous avançons que Dogville explore cinématographiquement les limites des mécanismes de calcul eux-mêmes.

Abstract:

I argue in this article that Lars von Trier’s Dogville (2003) is a film that prolongs a philosophical tradition of critique of reification. Making use of Marx and Lukács’s work, I highlight the concept of calculation for analyzing the story of the protagonist, Grace, as a tale of exploitation based on mechanisms of labour exchange. My aim, however, is not only to describe this process in terms of Dogville’s storyline, but to ontologically characterize the cinematographic language and devices of the film as a visual allegory of the problem of calculation in contemporary capitalism. By making transparent the “limits” of everything (Dogville’s architecture, the exchange rates in Grace’s labour-power, and the limits of the film’s diegesis, for instance), von Trier creates in Dogville what I call “calculative cinema.” Following the Kantian notion of “critique,” I propose that Dogville explores the limits of the mechanisms of calculation in cinematic terms.

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