In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • "Encore Robinson." by Cahiers Robinson
  • Suzanne Pouliot
Cahiers Robinson. "Encore Robinson." Artois Presses Université 41 (2017). ISBN 9782848322506. 236 p.

Vingt ans après la parution du premier numéro de la revue, celui-ci rend hommage au personnage qui lui a prêté son nom, Robinson Crusoé, roman de Daniel Defoe paru en 1719, inspiré d'un récit de voyage antérieur. Ce personnage romanesque, érigé au rang de figure mythique, au même titre que Faust, Dom Juan ou Don Quichotte (9), continue de hanter les esprits et de coloniser notre imaginaire collectif, préciset-on en introduction. C'est en vertu de ce phénomène littéraire qui a donné lieu à des robinsonnades, ces récits d'aventures vécues loin de la civilisation, que le numéro 41 souligne la contribution de ce personnage repris, sous diverses formes, par diffé-rents auteurs et scénaristes.

Le numéro résume plusieurs phénomènes de réécriture et d'intertextualité qui sont présents dans des œuvres passées ou récentes. En fait, la robinsonnade existe bien avant Robinson et figure parmi les expériences humaines les plus extrêmes, qui fascine et qui angoisse, mais elle n'est pas originelle car la solitude ne l'est pas. Robinson incarne l'archétype de l'individu autonome vivant en dehors de la société, qui n'existe que dans notre imaginaire commun. [End Page 218]

Pour cette recension, je n'ai retenu que les articles qui traitent de l'œuvre publiée en français. Danielle Dubois-Marcoin mentionne dans "Robinson, le roman de la mauvaise conscience" (11–26) que "[d]ans une littérature placée sous le contrôle des prescripteurs, la robinsonnade pour la jeunesse prend cet aspect univoque et devient une expérience essentiellement formatrice: plongé dans la fiction d'une mise à l'abri du monde, l'enfant joue l'expérience de la survie, de l'affirmation rêvée de soi, sans avoir à se heurter aux dangers de la réalité" (11). L'auteure se demande pourquoi ce n'est que cet épisode de la vie sur l'île qui sera retenu par de nombreux auteurs (Madame de Genlis, Wiss), aux détriments de la rencontre de Robinson avec Vendredi. Occultée des robinsonnades pour la jeunesse, cette rencontre ressurgira dès la conquête des territoires coloniaux au dix-neuvième siècle, notamment en 1856 avec Les Robinsons français de la Nouvelle Calédonie (13). Pour l'auteure, le mythe de Robinson porte en lui la déception inhérente à l'utopie (15). La figure du personnage est traversée par la conscience malheureuse de la chute originelle, de telle sorte que l'île n'est pas celle de l'innocence, mais plutôt celle de la repentance. Isabelle Nières-Chevel dresse une bibliographie composée de dix réécritures commentées des "robinsonnades" françaises qui ont paru de 1766 à 1818, inspirées de la traduction française effectuée par Thémiseul de Saint-Hyacinthe et Justus Van Essen. Ces publications vont construire les fondements d'un sous-genre romanesque, désigné par le terme de robinsonnades (28), dès la parution de Robinson Crusoé, nouvelle imitation de l'anglais par Aimé Feutry, publié en 1766. Ces publications se caractérisent par un texte court, des formes littéraires simplifiées, des références culturelles accessibles, une langue "correcte" et un zeste de morale consensuelle (30–31). Parfois, les auteurs désignent comme destinataires les jeunes, garçons et filles, ou les adolescents. Ils introduisent des illustrations, voire un lexique de termes maritimes, tout en se livrant à une libre adaptation du texte original traduit, sous forme de chapitres, en plus d'introduire un narrateur omniscient. L'auteure note que les adaptations cherchent à concilier les attraits de l'aventure et l'apport moral attendu des prescripteurs. Elle conclut en signalant les raisons des nombreuses réécritures de l'œuvre originale traduite, dont celle de s'inscrire dans la tradition des récits de voyage en vogue, lesquels sont constitués d'aventures surprenantes et inattendues vécues loin des...

pdf