In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Poétique de l'enfance: Perspectives contemporaines by Kodjo Attikpoe
  • Suzanne Pouliot
Attikpoe, Kodjo, coord. Poétique de l'enfance: Perspectives contemporaines. Paris: L'Harmattan, 2017. ISBN 9782343106991. 222 p.

Kodjo Attikpoé présente, dans son introduction, les cartographes de l'enfance contemporaine regroupés en trois parties distinctes: "(Ré)invention de l'enfance: Veine utopique, traces (auto)biographiques," "Les chemins de l'enfance" et "L'enfance, représentations filmiques et iconographiques." En premier lieu, Emna Beltaïef s'intéresse à "Patrick Modiano, écrivain sur l'enfance et pour l'enfance" (19–34) et démontre l'existence, dans son œuvre, d'une poétique de l'enfance qui trouve ses racines dans les souvenirs personnels de l'écrivain, dans les traumatismes d'une enfance marquée par l'absence parentale, le passé obscur du père durant l'occupation, et la disparition précoce du frère Rudy (20). Hans-Heino Ewers poursuit avec "L'Auteur entre sa propre enfance et les univers enfantins actuels" (35–48). Il distingue les écrivains de l'enfance qui s'inspirent exclusivement de leur enfance. Ces récits d'enfance autobiographiques se présentent comme une fiction du vécu (37) et racontent ce qu'était ce monde d'alors. Et puis, il y a les poètes critiques de l'enfance qui se penchent moins sur leur propre enfance que sur celle d'univers enfantins actuels. Ils se focalisent sur l'esprit d'observation, tandis que le pouvoir des souvenirs est relégué à l'arrière-plan (41). Ainsi, ils créent des personnages enfants différenciés qui s'impriment dans la mémoire culturelle. Myriam Béji étudie "Le Personnage de [End Page 216] l'enfant poète dans La Vie est ailleurs de Milan Kundera" (49–66). Cette biographie fictive aux allures de roman de formation offre à lire un "lieu d'expérimentation où l'enfant en devenir traverse une suite de péripéties qui participent à son apprentissage de la vie" (49). Le dessein de Kundera est d'explorer l'attitude lyrique face au monde à travers l'association de la jeunesse et de la poésie, entachées par la vie politique. Ce roman est celui de la désillusion et de la formation manquée. Pour Aurélie Gille Comte-Sponville, les "enfants qui pourraient sauver les grands sont légion après-guerre," comme elle l'écrit dans son article consacré à "L'Enfant-héros d'après-guerre en France au service d'une représentation utopique et eutopique de l'enfance" (67–84). Ce sont, d'après Marc Soriano, des "enfants-repères," soit des enfants de l'identification qui vont proposer un monde alternatif, utopique, tout en réincarnant une nouvelle représentation de l'enfance. Pour cela, l'enfant-héros, héritier du modèle chevaleresque, se réfugie dans la nature, lieu de l'utopie possible, en référence au paradis terrestre. Dans le lieu devenu eutopique, les valeurs qui sont promues sont la solidarité, la bonté et l'honnêteté.

Dans la deuxième partie, quatre auteurs s'attardent aux chemins de l'enfance. Véronique Chelin examine "L'Écriture de l'enfance dans Le Dernier Frère, de Nathacha Appanah," roman paru en 2007, aux Éditions de l'Olivier (87–104). Pour l'auteure, l'enfance a toujours fait partie du paysage littéraire de l'île Maurice et s'impose de manière plus particulière dans le roman contemporain de langue fran-çaise (87). Cet ouvrage raconte la déportation de 1500 Juifs européens à l'île Maurice, alors colonie britannique, de décembre 1940 à août 1945, après qu'ils furent refoulés d'Haïfa. Plusieurs documents témoignent de cet événement dramatique, en français et en anglais, mais seule Appanah offre le point de vue d'un jeune Mauricien. Le regard rétrospectif du narrateur met en relation mémoire individuelle et mémoire collective. Ce roman offre "une image riche et nuancée de l'enfance, qui allie de façon très habile introspection, témoignage et confession" (102). Pour sa part, Marie Bult...

pdf