Abstract

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Selon Edward Saïd, l'imagination est l'arme première pour se réapproprier une terre qui a subi l'empreinte coloniale. La terre insulaire mauricienne, vierge lorsque démarre l'aventure coloniale, comprend aujourd'hui des segments de la population qui, non seulement proviennent de divers coins du globe, mais qui sont aussi affiliés à des cultures et à des idéologies hétérogènes. Les différents groupes cherchent à faire valoir des rapports fondateurs, réels ou symboliques, avec le pays et à asseoir leur légitimité. Cet article examine les enjeux et les stratégies des territorialisations concurrentes à partir de romans, mythes, contes, légendes et autres inscriptions toponymiques. Les discours qui en ressortent, dont la multiplicité a le mérite de détrôner la pensée et la culture hégémoniques uniques, remontent de plus en plus loin dans le passé de l'île, allant jusqu'à évoquer sa genèse, et plongent de plus en plus profondément dans le sol, allant jusqu'à explorer sa composition géologique. L'imaginaire devient l'arène où se joue une véritable géopolitique postcoloniale en vue de (re)négocier la prééminence des uns et des autres.

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