Abstract

Le retentissement d’Hiroshima mon amour peut se jauger à l’aune de sa capacité singulière à générer de nouvelles œuvres: le cinéma, la littérature, la musique et les arts plastiques ne tarissent pas d’exemples illustrant son emprise sur l’imaginaire contemporain. Cet article a pour objet l’œuvre de Chloé Delaume qui s’inscrit de façon tout à fait inédite dans la foisonnante descendance de ce film culte. Inspiré d’un “OULIPO homemade” où le jeu le dispute sans cesse au sérieux, son projet autofictionnel butine à loisir dans le film de Resnais et de Duras. Est ressassée inlassablement, tout au long de son œuvre, une phrase-clé: “Tout vu, rien inventé.” Examinés sous divers angles et retournés dans tous les sens, ces quatre mots répétés sans relâche agissent comme un formidable catalyseur de son écriture et de sa pensée. Car il ne s’agit pas simplement d’une devise qui résume l’art poétique de l’auteure. On verra que ce leitmotiv protoplasmique sert tantôt de toile sur laquelle s’imprime l’ombre de la catastrophe familiale qui fonde la création—à la fois de l’œuvre de Chloé Delaume et du “personnage de fiction” qui porte ce nom—, et tantôt de levier critique pour analyser notre société du spectacle.

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