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Reviewed by:
  • La Langue des émotions, xviexviiie siècles by Véronique Ferrer and Catherine Ramond
  • Edward Ousselin
La Langue des émotions, xviexviiie siècles. Sous la direction de Véronique Ferrer et Catherine Ramond. (Rencontres, 287.) Paris: Classiques Garnier, 2017. 416pp.

Cet ouvrage collectif contient dix-neuf articles répartis en quatre sections thématiques: ‘La Théorie des émotions, entre rhétorique et langues naturelles’; ‘Émotions et spiritualité’; ‘Émotions et genres littéraires: poésie, théâtre, roman’; et ‘Les Émotions dans les écrits factuels’. Dans leur Introduction, Véronique Ferrer et Catherine Ramond retracent l’apparition relativement tardive du mot ‘émotion’ en français: ‘Aux xviie et xviiie siècles, le sens du mot se stabilise dans son acception physique et psychologique’ (p. 8). En tant qu’objet de recherche, le champ des émotions n’est pas limitéà la critique littéraire: ‘L’un des apports fondamentaux des sciences humaines est d’avoir historicisé et socialisé les émotions en inscrivant la vie affective dans un contexte culturel dont elle dépend étroitement’ (p. 9). Si la Renaissance et les Lumières semblent être des périodes favorables à l’expression littéraire (ou à l’épanchement) des émotions, le classicisme du dix-septième siècle est en revanche plus connu pour le contrôle des passions ou du moins pour une certaine retenue dans l’expression des émotions, même si par exemple, ‘la dimension émotive de l’effet tragique est essentielle chez Racine’ (p. 15). Comme c’est toujours le cas dans un ouvrage collectif, chaque article sera d’une utilité variable, en fonction des domaines de recherches des lecteurs. Les contributions suivantes m’ont semblé particulièrement intéressantes. Dans ‘La Sincérité, [End Page 112] degré zéro de la rhétorique?’, Philip Stewart offre des exemples (surtout tirés de l’œuvre de Prévost) de l’ambiguïté inhérente à l’expression ‘sincère’ des émotions à travers le langage. Dans ‘Langue des émotions, langue de la nature, langue des origines’, Élise Pavy-Guilbert examine la question de l’origine de la langue chez plusieurs auteurs du dix-huitième siècle, qui ont le plus souvent lié leurs versions de l’émergence du langage à la nécessité d’exprimer des émotions. Dans ‘Du sang au sentiment? Sémantique lexicale et contextes d’apparition du mot émotion dans la prédication du xviie siècle’, Anne Régent-Susini a dépouillé un corpus de sermons du dix-septième siècle (dont ceux de Bossuet) afin d’analyser et catégoriser les contextes d’apparition du mot ‘émotion’. Dans ‘“La voir faillir je me sens”: sur les adaptations françaises de l’“Ode à l’aimée” de Sapho à la Renaissance’, Benedikte Andersson aborde un sujet peu étudié de la poésie du seizième siècle, dominée par le pétrarquisme. Dans ‘Less is more: Marivaux et la langue comique des émotions’, Jean-Paul Sermain considère les façons dont Marivaux fait ressortir l’émotion à travers ce qui est absent, ce qui n’est pas dit, dans les dialogues de ses pièces de théâtre. Dans ‘Langue des émotions et retour à l’origine: le cri de la nature dans le théâtre du xviiie siècle’, Sophie Marchand examine les innovations des dramaturges de l’époque des Lumières, qui avaient pour but de renouveler le langage des émotions (lequel aurait été excessivement restreint pendant la période classique) et de ‘mettre au jour une langue originelle des passions, foncièrement naturelle’ (p. 293). Et dans ‘Émotion et détention: la langue des émotions dans quelques mémoires sur les prisons de la Révolution’, Anne Coudreuse étudie les multiples variantes du registre émotionnel dans des récits historiques. Portant sur une longue période — de la Renaissance aux Lumières — cet ouvrage pourra intéresser de nombreux spécialistes.

Edward Ousselin
Western Washington University
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