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Reviewed by:
  • Chateaubriand, chemin faisant by Philippe Berthier
  • Franziska Meier
Chateaubriand, chemin faisant. Par Philippe Berthier. (Études romantiques et dixneuviémistes, 66; Lire Chateaubriand, 6). Paris: Classiques Garnier, 2016. 248pp.

Spécialiste du premier dix-neuvième siècle, Philippe Berthier réunit dans cet ouvrage une série d’articles qu’il a consacrés à l’auteur du Génie du christianisme dans un intervalle d’une vingtaine d’années, et dont il propose une version révisée. Comme le laisse deviner le titre, le recueil s’affranchit de toute structure précise, si ce n’est qu’il doit son existence à la volonté de son auteur d’offrir ce qu’il appelle une ‘promenade critique’ dans l’œuvre de Chateaubriand. Se prêtant au topos de l’homo viator, ce dernier se confronta à maintes reprises à l’expérience du voyage, parfois dans le cadre de missions diplomatiques, parfois aussi ‘dans des pérégrinations [. . .] moins topographiques que mentales’, pour reprendre [End Page 110] la formule que Berthier adopte pour René (p. 18). C’est ce second aspect qui intéresse au premier chef Berthier, qui exploite et applique la thématique du voyage à Chateaubriand essentiellement dans son sens métaphorique. Par où qu’il aborde l’œuvre, Berthier finit par constater chez le mémorialiste lui-même ou chez ses personnages le même ‘contraste entre [. . .] situation objective et [. . .] liberté intérieure’ (p. 83), c’est-à-dire le besoin de compenser le réel — décevant — par l’imagination, et consécutivement la capacité à ‘s’évader intérieurement’ (p. 84). Ainsi, le voyage réel cède le pas au voyage inventé par l’écriture (‘Maître et serviteur ou le double registre du voyage’) qui l’embellit en un ‘itinéraire [. . .] dédoublé’ (p. 50), voire idéalise le réel et lui donne du sens, comme le montre Berthier dans un article dont le titre fait écho à l’expérience de Joseph de Maistre (‘Voyage autour de ma chambre’). Qu’elle le seconde ou le remplace, l’imagination — qui puise tour à tour dans la littérature (‘Poétique du nom’) ou dans le souvenir (‘Les Prisons du poète’) — constitue à elle seule tout ou partie du voyage. Les derniers articles se concentrent plus précisément sur les ‘points de rencontre’ entre l’œuvre et la vie chez le vicomte voyageur: rencontre entre les arts à la manière des transpositions d’art (‘Ut pictura memoria’, ‘Musiques’), rencontres intellectuelles ou amoureuses (‘La Rosée de la mer morte’, ‘La Tendresse et la gloire’) qui ont pu pénétrer, voire influencer, son œuvre. À des travaux dont il faut louer l’originalité (‘Mémoires pour rire’, qui étudie la veine comique des Mémoires) répondent d’autres dont la thématique paraît davantage convenue (‘Les Prisons du poète’) ou dans lesquels le lien avec le sujet inaugural de l’ensemble paraît moins évident (‘Le Genre humain en vacances’). Si les études présentes sont de qualité, on peut en revanche discuter l’intérêt — au-delà du légitime sentiment d’accomplissement personnel — de les réunir, leur révision n’apportant pas véritablement d’idées nouvelles; à moins que la présence un peu trop récurrente d’expressions venues d’outre-Atlantique (‘deal’, p. 186; ‘jazzy’, p. 182), ou de certaines marques d’oralité (‘saucissonnée’, p. 187), ne contribue à dessein à ce projet de modernisation.

Franziska Meier
Universität Göttingen
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