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  • Qu’est que le romantisme? par Alain Vaillant
  • Aude Campmas
Qu’est que le romantisme? Par Alain Vaillant. (Biblis.) Paris: CNRS, 2016. 236pp.

Publié pour la première fois en liminaire du Dictionnaire du romantisme (Paris: CNRS, 2012), l’essai d’Alain Vaillant est en effet une excellente introduction à la complexe notion de romantisme. Il n’est jamais facile d’être synthétique sans pour autant perdre en complexité. C’est ici l’une des grandes qualités de cet ouvrage: Vaillant, dans un style limpide, offre en deux cents pages une analyse éclairante du romantisme. Réfutant la notion d’école littéraire et artistique, analysant sur le long terme l’émergence du vocable, il explique comment le romantisme doit impérativement se comprendre dans un contexte historique mondial. Réaction à l’industrialisation et au capitalisme, le romantisme est paradoxalement ‘la première forme moderne de mondialisation’ (p. 25). Après avoir analysé les données politiques et sociales permettant de situer le romantisme, Vaillant consacre toute une partie à la religion et, plus particulièrement, à l’importance de la Réforme et du protestantisme. Dans cette perspective le romantisme, en quête d’absolu, apparaît comme ‘la projection de la transcendance [. . .] sur le plan des réalités immanentes’ (p. 57), propageant ainsi l’esprit religieux dans les réalités concrètes. Vaillant revient ensuite sur le sacre du sujet au cœur de l’esthétique romantique dont la nouveauté est la subjectivation, c’est-à-dire ‘l’inscription de la présence du sujet auctorial dans l’objet d’art créé’ (p. 92). L’auteur romantique peut ainsi se dire et s’analyser au travers de formes moins codifiées. L’émotion esthétique ne provient plus de la conformité à un canon (classicisme) mais du sentiment de communion avec l’auteur éprouvé par le lecteur devant des œuvres qu’il doit interpréter. Ne se limitant pas à une période historique, Vaillant analyse ensuite comment le romantisme explique, dans son rapport au sujet, le roman réaliste et la part croissante d’ombre de la poésie moderne. La partie sur le rire romantique est tout autant éclairante. Elle définit ce comique ‘du bas’ où l’on peut trouver les traces du grotesque et une reconnaissance de la part charnelle de l’homme. Vaillant souligne ainsi comment le ‘romantisme rieur’ (p. 122) est plébéien dans son refus des codes et hiérarchies. Le rire permet encore d’explorer la dualité essentielle entre le monde de la matière et la pure idéalité de l’esprit. L’ironie, quant à elle, permet de rendre dicible ‘cette contradiction en acte qu’est le réel’ (p. 120). L’essai s’achève sur les procès du romantisme auquel les intellectuels, privilégiant l’intelligence rationnelle, reprochent le goût pour la déraison imaginative, pour un idéalisme forcené, pour les émotions fortes, ou, au contraire, le goût pour la raison. Contradictions que le romantisme s’efforce de dépasser et que Vaillant présente et analyse admirablement. Enfin, la bibliographie sélective sera utile tout autant à l’étudiant désirant approfondir ses connaissances qu’à l’enseignant désirant offrir quelques pistes de lecture. Dans cet esprit, je conseille aussi aux curieux de consulter le Dictionnaire du romantisme dont l’essai éclaire les entrées admirablement. [End Page 127]

Aude Campmas
University of Southampton
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