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  • Études de sociologie du droit et de l’éthiqueby Guy Rocher
  • Louis-Philippe Jannard, Candidat au doctorat en droit
Guy Rocher Études de sociologie du droit et de l’éthique, 2 eéd. Montréal: Thémis, 2016, 614 pp. 614 pp.

Guy Rocher nous propose, dans cette deuxième édition, une sélection de ses « études » qui traitent du droit et de l’éthique comme formes de régulation sociale. Avec l’ajout de plus d’une dizaine de chapitres constitués en grande majorité d’articles et de chapitres de livre, et une nouvelle organisation en cinq parties, l’ouvrage gagne en profondeur et en cohérence.

Dans un langage accessible qui fait l’une de ses grandes forces, ce recueil s’adresse aussi bien aux sociologues qui s’intéressent au droit qu’aux juristes désirant adopter le « regard oblique du sociologue sur le droit » (p. 3). Pour les uns et les autres, il peut être vu comme une introduction à la sociologie du droit, notamment la première partie qui aborde les spécificités de ce « regard » (chap. 1 à 4) et la cinquième partie (chap. 24 à 28), volumineuse et très fouillée, qui décrit la pensée et l’influence de certains auteurs importants (Alexis de Tocqueville, Talcott Parsons, Max Weber). La particularité du regard sociologique est d’ailleurs rappelée à plusieurs reprises, par exemple pour « élargir la perspective » (p. 140) sur les droits individuels et collectifs ou situer une loi « dans [son] contexte historique » (p. 281), ce qui permet du même souffle d’en souligner la pertinence.

Comme l’auteur l’indique dès l’avant-propos, la sociologie du droit a rapidement progressé au cours des dernières années. Le portrait de la discipline dressé dans le chapitre 24 est fort instructif en ce qu’il permet entre autres de mesurer le chemin parcouru par la discipline depuis la première parution en 1987. Étant donné la nature de l’ouvrage, on aurait pu craindre que certains textes parus la première fois il y a plus de trente ans s’inscrivent mal dans les débats actuels et ne soient que des instantanés de cette évolution. Toutefois, la profondeur des perspectives théoriques adoptées fait en sorte que ces articles conservent leur intérêt, voire gagnent en pertinence. Par exemple, au chapitre 10, le décalage entre les descriptions des moyens de communication utilisés en 1990 et la réalité d’aujourd’hui illustre avec une étonnante acuité les propos de Rocher sur les valeurs de changement, d’efficacité et de communication dans les « sociétés technologiques avancées » (p. 180).

L’auteur mentionne aussi d’entrée de jeu son souci pour la complémentarité entre « la recherche empirique et la réflexion théorique » (p. IX). Sur le plan théorique, ainsi, Rocher recourt à des notions comme la technoscience (chap. 10), la modernité (chap. 11) ou l’imaginaire social (chap. 12) pour analyser le rôle du droit dans la société contemporaine. Il décortique aussi clairement, mais sans les vulgariser, certaines notions complexes comme les ordres juridiques (chap. 4), l’effectivité attendue et observée du droit (chap. 17) et les phénomènes d’internormativité (chap. 18). Par ailleurs, c’est parfois à travers cette notion d’internormativité que l’auteur fait le pont entre la sociologie du droit et la sociologie de l’éthique qui, mise à part la quatrième section qui y est consacrée (chap. 18 à 23), demeure en arrière-fond. Sur le plan empirique, Rocher recourt à des sources variées (travaux juridiques d’une Commission royale, entretiens, expérience professionnelle comme sous-ministre au sein du gouvernement du Québec) pour produire des études sur des sujets aussi variés que les valeurs parfois contradictoires du droit [End Page 445]canadien (chap. 13), les différents types de processus législatifs (la législation par le seul gouvernement, par consultation et la législation négociée, (chap. 15) et les normes d’allocation d’équipements coûteux en milieu hospitalier (chap. 19). Certains chapitres sont également d’une grande...

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