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Reviewed by:
  • Looking for Ashley Re-reading What the Smith Case Reveals about the Governance of Girls, Mothers and Families in Canadaby Rebecca Jaremko Bromwich
  • Sophie Cousineau
Rebecca Jaremko Bromwich Looking for Ashley Re-reading What the Smith Case Reveals about the Governance of Girls, Mothers and Families in Canada, Brantford: Demeter Press, 2015, 255 pp. 255 pp.

Pourquoi et comment les textes portant sur le cas d’Ashley Smith occultent-ils l’agentivité de la jeune femme? C’est la question à laquelle Jaremko Bromwich entend répondre dans cet ouvrage tiré de sa thèse doctorale qui offre une analyse critique du cas d’Ashley Smith, une jeune fille de dix-neuf ans décédée dans une cellule d’isolement de l’Établissement Grand Valley par voie d’auto-strangulation en 2007. L’auteure nous propose une généalogie de la représentation d’Ashley Smith à travers trois sites discursifs : documents légaux officiels, docudrames et textes médiatiques sous forme imprimée. Ces derniers révèlent trois représentations d’Ashley Smith – la détenue, l’enfant et la patiente – qui agissent comme technologies de gouvernance. En effet, à l’intérieur de chacune d’entre elles, la jeune femme devient à la fois un problème social, un cas et un exemple. Dans cet ouvrage, Jaremko Bromwich nous révèle la complexité de ce cas, mais surtout la vision sexiste, raciste et classiste qu’il reproduit : à la fois une légitimation des mères et des détenues blanches de classe moyenne, et l’inintelligibilité de l’agentivité des jeunes femmes.

Après avoir élaboré le cadre de son projet et contextualisé le cas d’Ashley Smith, l’auteure synthétise la recension des écrits, le cadre théorique et les choix méthodologiques inhérents à son étude de cas. Les chapitres 3, 4 et 5 examinent trois déclinaisons de la représentation d’Ashley Smith.

En tant que sujet carcéral, Ashley Smith est d’abord représentée en tant que « jeune personne » au centre de détention juvénile, puis en tant que détenue dans un établissement correctionnel pour adultes. Dans les deux cas, on a recours à une figure unisexe. Ashley subit une suite d’exclusions à caractère nécropolitique 1: elle est reléguée au secteur maximal puis au secteur d’isolement cellulaire. Ces exclusions lui confèrent le titre d’ homo sacer(ni morte, ni vivante) : sa corporalité se désintègre (déshumanisation) et ses comportements d’auto-blessure s’amplifient.

Au cours de son adolescence, les intervenants considèrent Ashley comme une enfant à risques. Après sa mort, Service correctionnel Canada fait référence à la jeune fille comme à une « enfant jouant à des jeux » avec les intervenants de première ligne 2. Plus tard, on observe une rupture dans la manière dont elle est représentée par les acteurs parlant en son nom. Ashley devient une enfant normale : blanche, de classe moyenne, qui pourrait être l’une des nôtres et qui n’a pas sa place en prison.

En tant que patiente, Ashley est principalement définie à la lumière d’un problème de santé mentale. Cette configuration est communément acceptée lors des stades finaux du cas. Au sein du service correctionnel, les évaluations [End Page 439]psychiatriques visent à mieux la classifier plutôt qu’à la traiter. Quoiqu’il en soit, Jaremko Bromwich est d’avis que cette catégorie s’inscrit en continuité avec l’histoire : la résistance des femmes est encore une fois interprétée sous le couvert de la folie.

Le dernier chapitre synthétise les résultats et propose aux lecteurs une représentation qui prend en compte l’agentivité d’Ashley, c’est-à-dire une capacité à formuler des opinions et à faire entendre sa voix par des moyens artistiques ou politiques. Cette représentation permet de concevoir Ashley comme une détenue normale et de remettre également en question les rationalités du risque et de l’exclusion.

Outre l’interprétation novatrice de l’agentivité d’Ashley, l’une des forces de cet ouvrage est la présence d’un...

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