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  • On Hysteria: The Invention of a Medical Category between 1670 and 1820 by Sabine Arnaud
  • Philip Rieder (bio)
On Hysteria: The Invention of a Medical Category between 1670 and 1820 by Sabine Arnaud
Chicago: University of Chicago Press, 2015.
xii+352pp. US$55. ISBN 978-0-226-27554-3.

On Hysteria est un livre ambitieux qui remet en question des conceptions et des interprétations classiques à la fois sur ce que fut l'hystérie au cours du long xviiie siècle, sur les conceptions genre et sur le rôle et la posture des médecins et des malades pendant cette période. En analysant une succession de corpus de textes signés par des médecins, des laïcs, des romanciers et même des malades dans lesquels des symptômes et des manifestations hystériques ou l'hystérie elle-même sont évoqués, Sabine Arnaud se donne pour but de montrer en quoi les réinventions constantes de ces catégories conditionnent ou illustrent des rapports au corps spécifiques, des conceptions physiologiques, des considérations de genre et de classe sociale. Au-delà de l'histoire objective et positiviste du savoir sur le corps, l'auteur se propose ainsi d'analyser différents discours afin de mettre en évidence non seulement les enjeux individuels des auteurs, mais également les stratégies collectives de groupes et les con sidérations genre. Son approche est originale et s'appuie sur une succession d'analyses littéraires qui lui permettent d'extraire et de mettre en regard les conceptions des auteurs et la performativité des textes. Sa force réside dans la virtuosité avec laquelle elle procède à l'analyse fine des textes. Elle s'attaque au rôle joué par des pratiques d'écriture sur le savoir médical tout en se refusant à introduire ses résultats dans un récit de type positiviste. L'auteur propose une histoire particulière des multiples appropriations de l'hystérique à travers le temps. Un tour de force fondamental du livre est d'intégrer aussi bien des perspectives médicales que non-médicales et des fictions. Ces apports sont essentiels pour son propos et lui permettent de mesurer les échos des idées médicales dans l'environnement culturel plus large, mais aussi les multiples appropriations et interprétations non-médicales des symptômes et maladies associées à l'hystérie: les emprunts ne vont pas toujours dans un seul sens.

L'auteur rassure d'emblée le lecteur critique inquiet face à la complexité du projet. Dès les premières pages, elle débarrasse le chantier de toute trace de présentisme en reconstruisant les multiples usages des termes « hystérie » et « hystérique » à travers le temps. L'analyse s'appuie sur la [End Page 287] littérature médicale dès le xvie siècle abordant des symptômes et maladies qualifiées comme hystériques ou des malades souffrant d'hystérie surtout après 1760 (22). Le corpus comprend un nombre impressionnant de traités dont l'analyse permet de recenser les mots et les signes associés à ces conditions, de confirmer un lien attendu avec les maladies féminines (mal de mère, suffocation de la matrice, etc.), mais aussi de démontrer la possibilité que les hommes souffrent également de symptômes hystériques, notamment de « vapeurs » (après 1660) dont la manifestation s'impose comme le signe d'un mode de vie aristocratique (30). Les textes mettent en scène le spectre de la « féminisation » de l'homme répandu à l'époque des Lumières et permettent à l'auteur de démontrer que l'association de l'hystérie au genre féminin n'intervient qu'à la suite de la Révolution. La complexité des discours et la multiplication des symptômes donne à voir un ensemble hétérogène au point que le lecteur se demande si l'objet étudié forme un tout. Le lien entre les textes étudiés et une catégorie médicale (hystérie) n'est pas toujours évident. L'« invention » décrite dans le livre n'est pas...

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