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  • L'ambulance américaine du Musée de Blérancourt
  • Carole Gragez (bio)

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L'ambulance de l'American Field Service, Musée franco-américain de Blérancourt. Don de l'American Field Service (New York), Dsb 352.

Pendant la Première Guerre mondiale, plusieurs formations de volontaires américains ont transporté des blessés français : l'Ambulance de l'Hôpital américain de Neuilly, l'American Volonteer Motor-Ambulance Corps, le Harjes Formation ainsi que l'American Field Service (AFS) dont le Musée de Blérancourt possède l'unique ambulance de l'époque. [End Page 91]

Dès août 1914, des dons d'argent et de matériel, dont des voitures, affluent à Paris, centre économique et artistique international où vit une large communauté américaine. Mrs. Bliss y fonde en octobre 1914 le Service américain de distribution pour les ambulances militaires, l'écrivaine Edith Wharton fonde les American Hostels for Refugees, Isabel Lathrop l'American Fund for French Wounded (AFFW, en 1915), dont Anne Morgan (fondatrice du Musée de Blérancourt) est trésorière. Gertrude Stein ayant décidé avec son amie Alice B. Toklas de devenir volontaire de l'AFFW, demande à un cousin new-yorkais de réunir l'argent nécessaire à l'achat d'une Ford qui, surnommée Tante Pauline, servira au transport de matériels. Ne sachant pas bien conduire, l'écrivaine livre néanmoins les hôpitaux de l'arrière, tels Perpignan ou Nîmes.

De son côté, l'ambassadeur Myron T. Herrick soutient le développement de l'Hôpital américain de Neuilly, dont le service de transport devient en 1915 l'American Field Service (AFS) dirigé par Abraham Piatt Andrew. L'AFS, avec pour devise « Tous et tout pour la France » installe son quartier général à Paris, rue Raynouard. Après l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, l'American Field Service devient une unité de l'armée américaine. Il continue d'exister après 1918 et reprend en particulier ses activités en 1939. Le musée franco-américain possède les archives d'Alfred Grima Johnson (New York, 1919-2008), né de parents d'origine française résidant à la Nouvelle-Orléans, lequel s'engage en 1939 et 1940 comme volontaire dans l'AFS et conduit des blessés français et anglais en Egypte et Lybie.

Les véhicules, achetés par souscription aux États-Unis et envoyés en Europe, sont le plus souvent des Ford T, fabriqués en série depuis 1907. Le recrutement des chauffeurs se fait dans les universités américaines auprès d'étudiants que le goût de l'aventure, l'engagement humanitaire ou le pacifisme incitent à se rendre en Europe, avant l'entrée en guerre des États-Unis. Parmi les chauffeurs et brancardiers, on compte des écrivains comme Hemingway ou Dos Passos.

L'ambulance présentée à Blérancourt est aménagée sur un châssis de Ford T. Les moteurs et les structures des véhicules arrivaient en pièces détachées dans les ports français comme Bordeaux. L'ensemble était remonté et un carrossier–ici il s'agit de Kellner à Paris, dont on trouve la marque sur le côté gauche de l'ambulance– [End Page 92] construisait la superstructure. Utilisée dans le Soissonnais, cette ambulance pouvait accueillir trois personnes couchées sur des brancards ou quatre personnes assises.

Après une complète restauration menée récemment par Isabelle Devergne, ce modèle a été réinstallé dans les nouvelles salles du Musée de Blérancourt qui vient de rouvrir en juin 2017. [End Page 93]

Carole Gragez

Carole Gragez, Conservatrice du Musée franco-américain de Blérancourt (SCN des palais et domaines de Compiègne et Blérancourt).

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