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Champset Contrechamps sur desImagesRe9ues Howard W.Allen.Poindexter of Washington: 4StudvinProgressivePolitics. Carbo;dale:Southern Illinois University Press, 1981. 334+ xvPP· Ballard C.Campbell. Representative Democracy: PublicPolicy and Midwestern Legislatures in the Late Ninetee:7-thf:entury. Cambridge, Mass.: Harvard Umvers1tyPress, 1980. 260pp. Justus D.Doenecke. The Presidencies of James A. Ga,fie/d and Chester A. Arthur. Lawrence: The RegentsPress of Kansas, 1981. 229pp. James A.Kehl.Boss Rule in the Gilded Age: MattQuayof Pennsylvania.Pittsburgh: University of Pittsburgh Press, 1981. 295+xxpp. Albert Desbiens Al'originece compte rendu critique avait voulu etre centre sur un examen dequelquesproductions recentes dans le domaine des biographies d'hommes politiques de la fin du XIXe et du debut du XXe siecle. Ces messieurs des P.C. IPostes canadiennes) en auront decide autrement en egarant un des volumes quim'etaient destines. Heureuse erreur devrais-je avouer car le volume de remplacement aura permis !'addition ama liste de lectures d'un ouvrage importantqui apportera en meme temps diversite ama tache. Le volume de BallardCampbell eclaire en effet une zone d'ombre de la vie politique de la findu XIXe siecle, soit le fonctionnement des legislatures du mid-west americain.De plus !'auteur y procede selon les normes de la new political history et en renouvelle certaines donnees. Nous reviendrons plus lois acette contributionimportante apres avoir examine trois ouvrages plus traditionnels. Lesbiographies des senateurs Matt Quay de Pennsylvanie et Miles Poindexterde Washington tiennent definitivement de l'approche plus classique. Utilisant les sources habituelles du genre, collections de manuscrits,joumaux, discours,ces deux ouvrages tournent aussi beaucoup autour de problemes interessantl'historiographie progressiste, comme !'influence des questions regionales et.des rapports de classes en politique. Quant al'ouvrage de Justus D.Doenecke, qui n'est pas aproprement parler une biographie mais est plutotconsacre au simple examen des Presidences de James A. Garfield et ChesterA. Arthur, la perspective y est sensiblement la meme. Canadian ReviewofAmerican Studies, Volume 15,Number 2, Summer 1984,211-220 212 Albert Desbiens Ces trois ouvrages forment aussi a notre sens un faisceau coherant parleur approche revisionniste. En effet l'image re<;uedes hommes politiques vises yest largement remise en question. Ainsi le pouvoir de Matt Quay n'apparatt pas aussi absolu que le mythe le voudrait, le progressisme de Miles Poindexter est loin d'etre sans faille et Garfield et Arthur ne projettent pas autant d'ombre sur la Presidence des Etats-Unis que le voudrait l'opinion courante. Dans le cas du Senateur Quay la lumiere projetee sur sa Carriereest abondante. En effet le professeur Kehl a eu le privilege de se voir remettre les papiers Quay au complet et il a ete le seul a y avoir acces depuis ladis· parition du Senateur, sa fille ayant toujours refuse de les ouvrir atoute investigation. Grace a ceux-cil'auteur a pu suivre de fac;onprecise le deroule· ment d'une carriere extremement fructueuse et mouvementee. Des ledepart il est necessaire de souligner le caractere quasi exclusivement politiquede cette biographie. I.:auteur ne s'est en effet pratiquement pas interesse aQuay, l'homme. Peut-etre les manuscrits etaient-ils muets ace sujet. C'est dumains !'impression qui se degage de l'ouvrage et on peut regretter que l'auteurn'ait pas travaille dans ce sens, a partir d'autres sources. Kehl s'est done attache a etudier la vie publique de ce puissant Senateur de Pennsylvanie dont la carriere a domine la scene politique de cet Btat pendant des decennies. I.:univers politique de Quay est totalement occupe par le parti Republicain dont il devient un fidele serviteur des 1854et qu'il continuera aservir jusqu'a sa mort en 1904.Ilse degage de toute cette etude une impression de symbiose parfaite entre Quay, le parti et l'Etat auxquelsii s'identifie totalment. Ace propos il semble bien que Quay ait aussi souvent confondu son interet et celui de l'Etat ou du parti et ceci aussi bien auniveau politique qu'au niveau economique. Sans porter de jugement moral sur rapproche de !'auteur, qu'il nous soit permis de souligner que sa sympathie pour son sujet lui a fait rapidement pardonner ou eviter de condamner quelques-uns de ces episodes peu reluisants de sa carriere. Le systemede defense classique de Matt Quay devant toutes les attaques etait de demeurer "stoiquement silencieux" et trop souvent il nous apparait que l'A. n'a pas reussi apercer ce silence. Matt Quay etait definitivement un homme de peu de mots. Les manoeuvres politiques de coulisse le connaissaient mais il evitait, le plus possible, l'avant· scene et les discours, qui d'ailleurs se comptent sur les doigts de la mainau cours de sa longue carriere. 11ne s'est pas non plus illustre par !'elevation de sa pensee ou de sa reflexion. Sa contribution la plus importante se situe definitivement au niveau de la creation, de !'organisation d'une machine politique Republicaine adaptee aux besoins de l'epoque. Le rapprochement, fait par le professeur Kehl, entre cette machine de parti et les holdings etles trusts est fort interessant. La these soutenant cette approche s'inspire definitivement du "organize or perish" de Samuel P. Hays. 1 Suite aux trans· formations imprimees par l'industrialisation et !'urbanisation, le monde des Chmnps et Contrechamps 213 affaires, aux horizons illimites, avait attire beaucoup de talent et le monde politiqueavait subi une perte d'influence, de prestige et de personnel considerable .Kehl range Quay parmi les leaders politiques eclaires qui ont compris que la survie politique dependait d'une reorganisation des machines departie,copiee d'ailleurs sur les pratiques du monde des affaires. Voeuvre desQuay, Cameron et compagnie au niveau de la Pennsylvanie illustre d'ailleurs a merveille la mise en place au niveau de l'Etat des assises,partisanes biensur mais tout de meme importantes, de ce qui deviendra, axe autour d'autrespriorites, le "Big Government." I.;:Etat de Pennsylvanie; le plus industrialise de l'Union, pouvait fort bien servir de laboratoire a une telle transformation. Les compagnies geantes y abondaientet les leaders politiques devaient apprendre afaire face ades forceseconomiques des plus puissantes. Le monde des affaires disposait d'unebonne longueur d'avance. Comme le souligne Kehl, le Pennsylvania Railroad,par exemple, pouvait controler au moins partiellement 150,000 votesd'employes dans les annees 1870, alors que le Gouverneur de l'Etat n'employait que 500 personnes. Les cadres de la compagnie qui recevaient dessalairesplus eleves que celui du Gouverneur, abondaient. Les politiciens professionnels auraient voulu retablir l'equilibre en adoptant pour les partis, lestechniques organisationnelles de l'entreprise. Ceci expliquerait l'extraordinairepoussee des machines de partis ala fin du XIX e siecle. Celle de Quay emploiera presque 20,000 personnes qui se distribueront $24 millions annuellement. Dans l'Etat voisin de New York la machine de Boss Platt recruteraplus de 10,000 personnes avec un budget annuel de presque $20 millions.La these est attrayante mais non convaincante siirtout lorsque !'auteurajoute que ce developpement des machines permet au monde politiquede se poser en pouvoir equilibreur face ~u monde des affaires. Lorsqu'onconnatt !'importance des fonds verses par les hommes d'affaires dansles caisses electorales et le controle exerce sur les machines grace a ceux-ci, on comprend que l'equilibre n'existait pas vraiment et une affirmationcomme celle de Kehl voulant que "cette croissance a pennis au parti Republicainde rencontrer les corporations de l'etat sur un pied d'egalite" (p.28)apparait creuse. Il est certain que les milieux d'affaires n'ont pas voulu la destruction d'un parti Republicain qu'ils possedaient et controlaient maisde la a avancer et acroire qu'ils ont ete tenus en respect, il y a une margeque l'A. a trop allegrement franchie. Lacarriere de Quay a ete indiscutablement bien menee et Kehl l'a tres bienanalysee dans toutes ses facettes politiques. Chaque manoeuvre, que ce soitsur la scene de Pennsylvanie ou sur celle de Washington, est examinee avecprecision. Il faut avouer que la matiere ne manquait pas et que l'A. a faitun excellent travail. Les principales etapes de cette carriere pourraient etreresumees comme suit. Apres s'etre fait un blason militaire au cours de la guerrede Secession et avoir servi le Gouverneur de Pennsylvanie Andrew 214 Albert Desbiens Curtin, il entrera en politique en se faisant elire ala legislature de l'f:taten 1864.Rapidement Quay s'illustre grace ases capacites mais ii est pris au coeur d'une lutte entre Curtin et Simon Cameron pour l'obtention de la nomination Republicaine au poste de Senateur de Pennsylvanie aWashington. Quav opte pour Cameron mais son geste, interprete comme de la trahison p~r plusieurs, !'oblige ase retirer pour quelques annees. Cinq annees dansle journalisme ala tete du BeaverRadical lui permettront de faire la transition. En 1872ilest de retour sur la scene politique comme secretaire de Pennsylvanie et participe en 1876asa premiere de six conventions nationales Republicaines au cours desquelles ilfera tres souvent usage de ses grands talents d'organisateur . Des 76 ilest deja l'une des forces derriere le courant anti-Blaine. Quay participera tres activement aux luttes intestines opposant Stalwarts et Half-Breeds qui expliqueront en partie la conquete du pouvoir par les Democrates et Cleveland en 1884. Rentre quelque peu dans l'ombre, il contribuera eminemment areconstruire la force Republicaine sur ces ruines encore fumantes. En 1888 il sera president national des Republicains et menera la campagne de main de maitre en faisant elire Harrison. Pendant tout ce temps le Senateur de Pennsylvaniene neglige pas pour autant lascene locale ou ilprend bien soin de laisser un lieutenant de confiance qui preservera le controle de lamachine locale et les liens avec "les interets." Soulignons qu'on trouve ici un des traits les plus interessants de l'ouvrage dans cette analyse du nouveau modele de machine politique mis en place par Quay qui avait compris !'importance du pouvoir fonde sur l'Etat par opposition au pouvoir national trop dependant d'un President pas toujours enclin ala cooperation. Tres souvent d'ailleurs Quay sera de9u de ses rapports avec des hommes qu'il avait contribue afaire elire. Ladescription de !'interaction entre le "cityboss" et le "state counterboss" represente egalement une contribution originale ala reflexion sur le monde politique de la fin du XIXe siecle. Au niveau de la Pennsylvanie comme au niveau national, !'influence de Quay ne va pas sans etre contestee cependant. 11se degage d'ailleurs de !'ensemble de l'ouvrage une impression de fragilite apropos de cette dite influence. Malgre le genie de l'homme, l'instabilite du controle qu'il peut exercer sur les evenements frappe. Les coups bas ou les trahisons abondent et on peut s'interroger sur la veritable dimension du pouvoir que lui octroie !'auteur. La celebration du prestige de Quay sonne en effet faux alors qu'il est rabroue par un President (Harrison) qui se croit elu par la main de Dieu, que son adversaire sur la scene Pennsylvanienne est choisi comme ministre des postes, que les journaux lancent enquetes et attaques ason sujet et que les tentatives pour entamer son pouvoir au niveau de la Pennsylvanie se multiplient de la part des factions Republicaines rivales. A tout cela Quay oppose un silence de plomb; c'est peut-etre la une autre preuve de sa grande habilete. De toute evidence ses contemporains ont surestime sa force maisil se tait, illaisse dire, et dans un sens, il accredite. Champset Contrechamps 215 Lamainmise de Matt Quay sur la machine Republicaine de Pennsylvanie seraremarquablement stable. Encore en 1894il annihilera une machination visantalui en enlever le controle. En 1896 il sera egalement candidat ala conventionnationale Republicaine comme "favorite son'' de son Etat. Cette anneemarque cependant aussi le debut d'une certaine eclipse pour Quay. MarkHanna, architecte de !'election de McKinley, acquiert au Senat une staturequi rejette Quay quelque peu dans l'ombre. Les lignes de communication du Senateur de l'Ohio avec la Maison Blanche sont directes. L'antagonismeentre les deux hommes ira croissant et explique en bonne partieque Quay se retrouve dans le camp Roosevelt en 1900.Les relations avecle President ''progressiste" seront assez bonnes malgre le fait que tout semblait opposer les deux hommes. Roosevelt etait sans doute trop politicien etconnaissaittrop !'importance des machines, surtout celle de Pennsylvanie, pours'aliener Quay. Sans pour autant en faire un reformateur ilest interessant de souligner la contribution de personnages de la trempe de Quay a la "mosai'que" progressiste. MilesPoindexter comme Matt Quay axa l'essentiel de sa carriere autour d'uneinfluence et d'un interet regionaux. La ressemblance entre les deux s'arretaitla cependant. Si Quay s'illustrait par son apparence taciturne et ses silences,Poindexter etait un personnage flamboyant ala voix puissante et quiadorait les discours. De plus, alors que le premier avait opte pour le statuquo integral le second se fit le champion du reformisme, du mains pendantles deux premiers tiers de sa carriere politique. Cettepremiere etude d'importance du Representant (1908-10)et Senateur (1910-22) de l'etat de Washington represente une contribution interessante memesi elle ne sort guere des sentiers battus (rapprochements constants aveclestheses classiques de Hofstadter, Hays et Leuchtenburg par exemple) etn'innove guere au niveau des methodes d'analyse. Ce n'est pas en effet l'etude rudimentaire des votes au Senat qui constitue une contribution originaleet de premiere valeur meme si !'auteur s'en sert abon escient pour faireressortir !'importance des questions locales. Poindexter est surtout interessant en ce qu'il est extremement revelateur des ambiguites et des dilemmes si souvent souleves par le mouvement progressiste auquel il s'identifia en grande partie. Des le depart en effet Poindexterfait cause commune avec les "insurgents" du parti Republicain quiluttent justement contre le style de politique pratique par les membres du"Quaycrowd" de Pennsylvanie. La conversion au progressisme a ete extremementrapide , comme plusieurs des changements de parcours ou d'idees dePoindexter au cours de sa carriere, ce qui le rendra vulnerable a!'accusation ,maintes fois entendue, d'opportunisme. La biographie ici presentee reveleplutot un politique consomme, tres souvent tente, il est vrai, d'etre tout pour tous, mais aussi capable d'etre fidele a une cause, cependant souventembrassee sur un coup relevant plus du coeur que de la tete. 216 Albert Desbiens Poindexter etait un formidable "debater" qui se realisait souvent dansla confrontation qu'il recherchait peut-etre instinctivement. Sa belligeranceet son apparent opportunisme peuvent peut-etre s'expliquer de cette fa9on.Le personnage est en effet quelque peu deroutant. Se joignant au "band wagon" de Roosevelt et du progressisme en 1908alors que rien de bien specifique ne semblait l'y preparer, il sera sur les premieres lignes de !'oppositiona Taft. En 1912il soutiendra encore Roosevelt en plus des organisateurs des I.W.W. et des grevistes de Lawrence. 2 Pourtant, spectaculaire virage a1soo apres le premier conflit mondial alors que Poindexter s'engage dans lareaction, tonnitruant contre les syndicats et bien sur les bolcheviques. Le conflit mondial semble avoir eu sur lui un effet determinant et permis de faire resurgir le cote conservateur de sa personnalite. Deja d'ailleurs apartir de 1912,sous Wilson, il etait apparu moins "deviant" al'interieur de son parti originel qu'il avait pratiquement reintegre, meme s'ilavait ete le seul Senateur Progressiste elu en 1912.11vote par exempleavec lesRepublicains, essentiellement protectionnistes, contre le tarif Underwood. Precedemment il avait cependant vote pour la reciprocite avec le Canada. Cet episode illustre d'ailleurs l'orientation de la carriere et des choixde Poindexter. Comme le revele !'auteur, la position du Senateur sur la recipro· cite, defendue par les milieux des petites entreprises de son Etat, etait equilibree, dans un compromis, par son vote positif sur le "parcel post" soutenu par les milieux ruraux. Cet episode et plusieurs autres, rappeles dans l'ouvrage, mettent en evidence asouhait !'importance des interets regionaux et de classes al'interieur d'un meme Etat par ailleurs extreme· ment sensible ala domination du Nord-Est sur le gouvernement national. On peut aussi rappeler, pour illustrer la conscience qu'un Senateur quise respectait (reelection oblige) devait avoir de ces questions, que Poindexter dans la discussion sur les amendements au tarif Underwood avait farouche· ment defendu les produits originaires de son Etat. De la meme fa9on dans les debats sur le "Federal Reserve System" il paratt n'avoir veritablement compris que les implications pour sa region. En 1916, deuxieme election comme Senateur, Poindexter perd des appuis progressistes. Peut-etre y decele-t-il un changement de !'opinion publique. La guerre achevera de lui faire operer un changement notable. Politicien du type conservateur-progressiste il se revele de plus en plus comme un imperialiste-militariste, classiquement defini par Leuchtenburg. Il manifeste aussi clairement son opposition et sa suspicion al'endroit des etrangers, ilse prononce pour la censure et contre les organisations ouvrieres qu'il a pre· cedemment defendues. Il sera evidemment de ceux qui voteront contre !'adhesion des Etats-Unis ala S.D.N. La fin de la carriere est peu remarquable et interessante malgre une ten· tative du cote d'une candidature presidentielle. Ce qui ressort done le plus clairement de cet ouvrage et qui est amettre au credit de l'auteur c'est Champs et Contrechamps 217 !'analyse precise des options d'un Senateur Republicain-Progressiste d'un Etatdel'ouest americain. Nous avons bien sur ete inondes de ces etudes de carrieres tendantaconfirmerOU infirmerles theses generalessurle mouvementprogressiste mais celle-ci avance au mains des explications qui ont le grand meri:e d'etre a~crees su: l'e:a~en ~es po~itiques dictees soit par les interets reg1onaux, SOlt parles 1mperatifs senatonaux. I.:ouvragede Justus D. Doenecke sur la Presidence Garfield-Arthur (1880-84) appartient, comme nous l'avons souligne au debut de ce compte rendu, aune meme approche, dans un sens revisionniste. Comme pour Quay etPoindexteron s'y attache aretoucher l'idee-re9ue, ils'agit d'une entreprise derehabilitation.Dans le cas present l'A. s'est bien sfir uniquement interesse al'exercicede la Presidence par les deux hommes et ala difference des deux premiers ouvrages il ne s'agit pas de biographies. lei, Doenecke, s'appuyant surla meilleure production historique disponible tente de presenter une syntheseet une interpretation personnelles de cette Presidence plutot negligee par les historiens. I.:ouvrages'ouvre sur une breve mais excellente introduction generale (chap.I) sur la periode de transition que fut aplusieurs niveaux, la fin du XIXe siecle.I..:analysedes institutions, de la fonction de President a l'epoque, delapolitique, avec les forces et les faiblesses des deux grands partis, sur !essceneslocales aussi bien que nationales, est fort bien menee. I..:A.entre ensuitede plein-pied dans la campagne electorale qui devait de justesse amenerGarfield ala Presidence, en examinant attentivement toutes les manoeuvres de coulisse provoquees par les tensions internes Republicaines. Garfield n'aura guere le temps, on le sait, de donner sa pleine mesure comme President,puisqu'il sera atteint par les balles d'un assassin quelques mois seulement apres son arrivee au pouvoir. I..:ouvragene contribue pas enormementaeclairer l'hypothetique question de la performance eventuelle d'un Garfieldmais l'image qui est donnee, en particulier atravers !'incident fopposantau Senateur et grand "patroneux" Conkling, apparait assez favorablememe si sa conception de la Presidence etait plutot administrative. SuccedeaGarfield un homme qui n'avait aucunement eu !'ambition d'etre President et que rien ne semblait preparer acette fonction. Bien peu d~observateurs lui accordaient quelque chance que se soit d'exercer une Presidence efficace et pourtant c'est le Gouverneur de l'Ohio, Charles Foster, qui aura raisonlorsqu'il declarera qu'on se rendrait bien vite compte que le vicepresidentArthur et le President Arthur etaient deux personnes differentes. ChesterA. Arthur represente en effet !'illustration classique de la maxime quiveutque la fonction fasse l'homme. Accedant ala Presidence par accident, mal equipe pour faire face aux multiplesfacettes du pouvoir, Arthur va, de l'avis de Doenecke, reussir honorablement.Si ses realisations ne permettent pas de la classer parmi les Presidents forts, on peut par contre pretendre qu'il a empeche la deterioration 218 Albert Desbiens du poste. 11mettra aprofit sa profonde connaissance de la machine politique des depouilles qu'il avait vue fonctionner de l'interieur et s'elevera au-dessus de cette melee avec energie, tenacite et uncertain style. Sur le plan interieur par exemple il se prononcera pour la reforme du tarif et tiendra tete aux protectionnistes. 11s'illustrera aussi par !'utilisation qu'il fera de son droitde veto. Dans un cas en particulier, celui de legislation anti-chinoise de 1882 soutenue par le Congres et lesmilieux syndicalistes entre autres, son oppositio~ est aporter ason credit. C'est au plan de l'examen de la politique etrangere de !'administration Garfield-Arthur que l'A. apporte sa contribution la plus interessante. Doenecke conteste l'idee re9ue voulant qu'a cette epoque les Etats-Unis aient ete replies sur eux-memes. 11montre tres efficacement de quelle fa9on on a tente de developper une marine digne de ce nom et rechercher des marches pour les produits americains. Meme si la diplomatie americaine faisait encore preuve de beaucoup d'amateurisme et qu'elle etait souvent mal coordonnee, sa principale caracteristique est cependant d'etre ouverte sur le monde. Doenecke documente tres bien les tentatives d'intervention de Blaine dans la querelle entre le Chili et le Perou ou encore les ouvertures versla Coree ou meme l'Afrique. Sous Arthur le sens des initiatives demeurera le meme et l'A. accordera d'ailleurs au Secretaire d'Etat choisi pour succeder aBlaine, F. T. Frelinghuysen, une mention honorable en soulignant qu'a plusieurs niveaux i1defendait des politiques dont l'heure n'etait pas encore arrivee mais qui seraient bientot celles des courants dominants de la nation entiere. Avec le dernier ouvrage de notre recension nous abordons un type d'analyse completement different, associe ala nouvelle histoire politique. La biographie individuelle, l'etude des campagnes electorales, !'examendes tractations de coulisse, les sources plus traditionnelles sont tous delaissees en faveur d'une approche quantitative degageant des tendances, des orienta· tions en meme temps que des reponses plus globales. Dans le cas present Ballard Campbell a fait porter son etude sur trois legislatures du "mid-west," soit celles de l'Illinois, du Wisconsin et de l'Iowa, ala fin du XIXe siecle. Explorant systematiquement les rapports statistiques pouvant exister entre les votes des legislateurs et leurs origines ethniques, sociales et politiques ou celles de leurs electeurs, Campbell en arrive ades conclusions solides qui imposent le respect et nous obligent arevoir certaines idees re9ues et atemperer certaines generalisations hatives. I.:A. a clairement gagne un double pari qui etait d'eclairer la conduite legislative des assemblees d'Etat de la fin du XIXe siecle tout en revalorisant leur role. On peut d'ailleurs associer cette entreprise a une rneme volonte de nos auteurs precedents de redorer certains blasons. Les legislatures des Etats de la fin du XIXe siecle ont en effet longtemps eu mauvaise presse et la volonte du professeur Campbell d'en ameliorer l'irnage est clairement Champs et Contrechamps 219 exprimee. A travers les ouvrages precedents traitant des carrieres de Quay et Poindexter on pouvait deja deceler !'importance des Etats et des questions locales dansla vie politique de cette epoque, importance amplement revelee par!'A. Maisla n'est pas sa principale contribution, car malgre ses efforts l'A. neparvient pas a effacer les accusations relatives a la manipulation, la corruption des chambres locales. Son travail ici n'est guere plus efficace que celui de Kehl qui, nous l'avons souligne, defendait bien maladroitement le partiRepublicain en niant la mainmise des milieux d'affaires. De la meme fa~on Campbell pose que les assemblees n'etaient pas coupables de toutes JesIacunesou les defauts dont on les accusait sans en fournir une demonstration efficace. Leresultat est cependant tout autre lorsqu'il aborde ce qui est l'essentiel desonsujet, !'analyse du comportement des legislatures et des legislateurs. Icila methodologie est efficace, la discussion penetrante et les resultats presentes de fac;onextremement nuancee. La structure de l'ouvrage peut etre consideree comme un modele du genre. Un premier chapitre est consacre aunexamendes differents corps d'electeurs des trois Etats. Suit une analyse destraitsdominants des legislateurs choisis pour representer ces electeurs. Onlesdecouvre jeunes, males et blancs, generalement sans grande experiencepolitique {ceux postulant ou obtenant un deuxieme mandat sont peu nombreux) et culturellement diversifies. Diversite aussi au niveau des occupations quoique !'agriculture, le droit et les affaires dominent. Les conclusions de l'A. au niveau du statut socio-economique ou de la richesse des hommes politiques sont beaucoup mains appuyees. Tout au plus se risque-t-il alesdecrire comme "middle-class." Campbell complete ce chapitre sur les legislateurs par une etude fort bien sentie du fonctionnement des diverses assemblees. Viennentensuite les chapitres centraux ou l'A., atravers le depouillement, lescomparaisons,les relations entre les donnees relatives a1105votes sur des questions controversees ("contested issues"), dans les trois legislatures precitees au cours de la periode 1886-95,tente de deceler les determinants des options deslegislateurs. Siles conclusions de Campbell apropos des electeurs, deselus et de leurs caracteristiques etaient assez conventionnelles, par contre celles qu'il tire de l'examen des votes bousculent l'image d'un XIXe siecle politiquementdomine par deux cultures politiques partisanes opposees et preconisant des visions de la societe dominees par les facteurs ethno-culturels. Campbelldemontre que les alignements sont directement fonction du sujetde la legislation al'etude. Meme si !'adhesion au parti demeure un facteur determinant l'A. permet de voir que le poids du parti varie enormementd 'un sujet a l'auture. La regle est ici de voir ce poids diminuer de fa~on marquee amesure que I'on passe par exemple du culture IaI'economique. Lesquestions economiques generent mains de cohesion que les problemes depolitiquesociale. Les pourcentages de votes pouvant etre identifies comme 220 Albert Desbiens partisans passent ainsi de 57% pour les legislations touchant les moeurs!ex. lois sur la fabrication et la consommation d'alcool) a40% pour cellesayant rapport au gouvernement, 24% pour les questions fiscales, 15%pourle commerce , et 9% pour les services publics. Cette contribution anotre connaissance du monde politique de lafindu XIXe siecle, surtout si on la considere dans les limites de ce que l'auteur a voulu faire c'est-a-dire etudier l'univers legislatif au niveau local, nousapparaft comme eminemment interessante. I;eclairage projete sur les legislatures et sur la legislation illumine de vastes secteurs de la societe americaine dece moment et arrive aalterer la perception erronee que l'on pouvait avoir de ces assemblees locales de la fin du XIXe siecle qui dans le cadre du federal· isme de l'epoque occupaient effectivement une place fort importante que l'A. nous fait magnifiquement apprehender. Travail accompli peut justement pretendre Ballard C. Campbell. Notes 1 Samuel P. Hays, The Response to Industrialism, 1885-1914(Chicago, 1957). 2 On s'explique ma! apropos de la greve de Lawrence ce qui a pu autoriser !'auteur aenrenouveler !'interpretation en avancant que la greve avait etebrisee (p. 66). ...

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