Abstract

Résumé:

Le présent article examine l'héritage contradictoire du « cinéma d'observation » dans The Act of Killing (Oppenheimer, 2012) : l'importance accordée dans ce film au portrait caractéristique du cinéma direct ; son recours à une représentation de la personnalité découlant quasi-exclusivement de la présentation de soi ; ainsi que la délégation de l'intentionalité par l'entremise de la technologie et des figures diégétiques auto-validantes. Doublée de son engagement à rendre compte de l'importance historiographique de l'artifice et de l'imagination, l'affirmation simultanée – et paradoxale – dans The Act of Killing d'une spontanéité comportementale au cours de ses séquences d'observation constitue également un élément de sa démonstration morale, un aspect qui jusqu'ici a été très sous-estimé. Salué au départ pour son dépassement des frontières du réel, ce « documentaire d'observation de l'imagination » (Oppenheimer) renvoie également les téléspectateurs aux lieux émotionnels personnalisés les plus familiers du cinéma direct. Enfin, cet article soutient que l'échange enchevêtré et non résolu entre les reconstitutions délibérément effectuées et une approche observationnelle plus conventionnelle dans The Act of Killing révèle en fin de compte une source des petites énigmes politiques identifiées par les critiques de ce film.

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