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  • Protocole pour la Garantie des Droits Linguistiques

[Ce document est le résultat d'un processus de débats et de consensus entre experts et agents spécialisés dans les langues et les droits de l'homme. Il est signé en décembre 2016 à Donostia/ Saint Sébastien, et publié en cinq langues. Nous reproduisons ici la version française. Il est disponible sur internet: http://www.linguapax.org/wp-content/uploads/2015/05/PROTOCOL.pdf. Note de la Rédaction]

« Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation »

Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, Article 2

Introduction

Il est évident que les droits linguistiques font partie des droits humains fondamentaux. Car si les langues servent à communiquer, on ne peut réduire une réalité linguistique à sa seule dimension communicative, puisqu'une langue ne peut être considérée indépendamment de sa culture. En niant le lien qui unit langue et culture, c'est la dignité des locuteurs et des citoyens que l'on bafoue. C'est pourquoi nous considérons la revendication de la diversité linguistique comme une contribution à la défense de tous les droits des personnes. C'est la raison pour laquelle ce document devrait constituer un outil, une aide au bien-être social, au vivre ensemble et à la paix. En effet, l'évolution de pratiques démocratiques envers les communautés linguistiques apportera la garantie du respect de l'ensemble des conditions humaines.

Toutes les langues sont l'expression d'une identité collective et d'une manière distincte de percevoir et de décrire la réalité; de ce fait, elles doivent pouvoir bénéficier des conditions requises pour leur plein développement dans tous les domaines. Toute langue est une réalité constituée collectivement et c'est au sein d'une communauté qu'elle est mise à disposition de ses membres en tant qu'instrument de cohésion, d'identification, de communication et d'expression créative. C'est pourquoi, toute communauté linguistique a le droit d'organiser et de gérer ses propres ressources dans le but d'assurer l'usage de sa langue dans [End Page 268] tous les domaines de la vie sociale. Elle a aussi le droit de disposer des moyens nécessaires à la transmission et pérennité de sa langue.

La diversité linguistique a toujours été un des caractères distinctifs de l'Europe. Parmi les Etats qui la composent, pas un seul n'est monolingue. Cette tendance ne cesse de s'accentuer avec la mobilité accrue des personnes.

Cependant, la gestion très différente de cette diversité linguistique d'un pays à l'autre parait très inquiétante. En effet, pour pouvoir intégrer les droits linguistiques aux droits fondamentaux et continuer à nous battre pour une Europe plus juste, fondée sur l'égalité, la gestion démocratique de la diversité doit constituer un pilier indispensable de cette Europe.

Les modèles de gestion existants sont très différents. D'une part, certains pays reconnaissant les droits des communautés en situation de minorité, en font un pilier fondamental de leur gestion; d'autre part, il existe des pays qui ne reconnaissent même pas ces minorités. Ce sont les deux extrêmes de la gestion linguistique, et entre ces deux extrêmes, des politiques très variées se développent aujourd'hui à travers l'Europe.

Malgré la différence des modèles de gestion, les acteurs sociaux qui œuvrent pour la récupération des langues minorisées présentent de nombreux points communs. Certes, les situations des langues sont différentes, mais les résultats les plus efficaces sont toujours obtenus grâce au travail de la société civile. Cette dernière a toujours été pionnière dans le développement de projets pour la création de nouveaux locuteurs. La société civile a...

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