Regroupement Familial et Projets Migratoires des Femmes Tunisiennes

Le présent travail traite de l’émigration des jeunes femmes tunisiennes, par voie de regroupement familial, à destination de la France. Il s’agit d’une migration d’établissement. Contrairement à l’image stéréotypée de la femme d’immigré passive, sans statut particulier sauf d’être ramenée en France pour s’occuper de son mari, les migrantes d’aujourd’hui aspirent à un statut meilleur. Notre étude sociologique permet, grâce à une méthode qualitative, de se mettre l’écoute des femmes et d’explorer, auprès des jeunes tunisiennes, un monde féminin riche en valeurs humaines, en dynamisme et esprit d’initiative.

À présent, cette migration par voie de regroupement familial n’est plus centrée sur le rôle familial traditionnel et de nouvelles exigences poussent les femmes à travailler et jouer un rôle actif dans la société d’accueil. Les diplômes, les qualifications professionnelles importent pour ces femmes, non seulement par ce que le conjoint et la société d’accueil les exigent, mais surtout parce qu’ils permettent, au moins sur le plan matériel, d’avoir une certaine autonomie et de procurer de certains biens. Sur le plan social, une femme diplômée, professionnellement qualifiée serait capable d’accéder à un statut meilleur. Par ailleurs, une dimension d’accomplissement personnel est de grande importance pour ces femmes tunisiennes qui aspirent au bonheur familial et à un meilleur statut social.

La notion de projet migratoire est, de notre point de vue, de grande utilité pour étudier la dynamique personnelle et sociale de la migration d’établissement. Le projet est à la fois un moyen de s’affirmer, d’agir comme acteur social et de se projeter dans l’avenir. Ce concept est davantage utile pour étudier les potentialités des différentes catégories de femmes engagées dans la voie du regroupement familial. Bref, le concept de projet migratoire trace le champ de notre investigation. Comment se construisent les projets de ces femmes ? Qu’est-ce qu’empêchent certaines d’entres elles de se projeter dans l’avenir?

This study sheds light on the phenomenon of women migration. We are interested in the young Tunisian women who emigrate in France via a legal process of family reunion. This is called a migration for the reason of total settlement. Contrary to the stereotypical image of the passive wife who immigrates without special focus, just to take care of her husband, migrant women today long for a better status. This sociological study permits, through a qualitative method, to be close to young women who are engaged in emigration process. This is mainly to explore a female world rich in human values, dynamism and initiatives.

Actually, this kind of migration is no longer focused on the role of traditional family. In fact, new social demands are pushing women to work and play an active role in the host society. The certificates and professional qualifications are important to these women, not only because the host society requires a certain level of linguistic and social competences, but also because they need to work and satisfy their personal needs. With diplomas, women achieve a degree of autonomy and can have access to certain properties. On the social front, a graduate woman, professionally qualified, is able to have a better status. In addition, a sense of personal accomplishment and great participation is attributed to the new composite role of migrant women.

The concept of ‘migration project’ is, in our view, very pertinent to study the dynamics of personal and family migration. In the same time, the project means self-affirmation, to behave as a social actor, to have a view and projection into the future. In this way, migration project outlines the scope of our investigation. What about the projects of these Tunisian women? Why do some of them lack a futuristic view? We try to answer these questions through their declarations.