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St -Bourget, eveque et martyr ROBERTO PERIN L'image que nous avons aujourd'hui de Mgr lgnace Bourget, deuxieme eveque de Montreal , est celle d'un prelat austere et autoritaire; mais surtout, et ce trait le distingue davantage de son milieu, celle d'un homme qui avait un gout presque obsessif de l'action et qui, par consequent, se laissait facilement emporter dans des croisades aussi epiques que loufoques. En definitive, c'est l'image d'un Don Quichotte. Soulignons que nous avons herite ce portrait directement de l'Archeveche de Quebec ou pullulaient les critiques de l'eveque. En effet, Mgr C.-F. Baillargeon disait de son suffragant qu'il etait un saint fou, tandis que l'agent de l'Archeveche de Quebec aRome, Mgr Benjamin Paquet, moins delicat que son ordinaire, traitait l'eveque de Montreal de fou tout court. Rien ne semble mieux confirmer ce portrait que les interventions politiques de Mgr Bourget. Situons d'abord notre personnage. L'eveque de Montreal joua un role preponderant, parfois decisif, au sein de l'Eglise canadienne au dixneuvieme siecle. Pendant trente-six ans, il fut le chef spirituel du diocese le plus riche et le plus populeux de l'Amerique britannique. En outre, on le considerait universellement comme le leader de l'ultramontanisme au Canada. 11 est done important de savoir pourquoi il se melait de politique. L'interpretation traditionnelle pretend que Mgr Bourget, ne voulant pas ou ne sachant pas distinguer les doctrinaires du liberalisme condamnes par l'Eglise des adeptes du parti reformiste , fit tout son possible pour empecher que ceux-ci ne prennent le pouvoir.1 Recemment, cependant, on a emis une nouvelle hypothese. Celle-ci admet que les actes politiques de l'eveque pouvaient nuire aux conservateurs aussi bien qu'aux liberaux. Mais elle ajoute qu'etant fidele a l'ideal ultramontain qui proclamait la supreJournal ofCanadian Studies Vol. 15, No. 4 (Hiver 1980-81 Winter) matie de l'Eglise sur l'Etat, Mgr Bourget se tint au-dessus des partis politiques pour mieux les controler.2 Ces deux points de vue, apparemment contradictoires, ont ceci en commun: ils reproduisent l'image Don Quichottesque de Mgr Bourget. L'un nous presente un homme qui chasse des moulins a vent, l'eveque etant tellement aveugle par son zele doctrinal qu'il voyait un liberal en chaque Liberal. L'autre nous dessine un personnage anachronique qui s'obstine a vouloir perpetuer un ideal moyenageux a l'epoque moderne. Dans l'expose qui suit, nous voulons demontrer que Mgr Bourget n'intervint dans la chose publique que lorsque les hommes d'Etat, politiques ou fonctionnaires, avaient prealablement gene les droits acquis de l'Eglise. L'attitude de l'eveque, toute defensive qu'elle fiit, s'eloigne passablement des velleites theocratiques qui lui sont attribuees de nos jours. Aussi, son attitude se fondait sur une conception tres nette du partage des pouvoirs entre le religieux et le civil qui laissait a cette sphere-ci une large aire d'autonomie. Sa.ns doute, les sceptiques retorqueront-ils que Mgr Bourget etait trop fin pour s'afficher ouvertement un theocrate, qu'au contraire son jeu se faisait en coulisse. C'est pourquoi nous avons pris soin d'examiner les interventions privees de l'eveque en politique. Celles-ci indiquent que le prelat se tenait toujours sur le terrain des principes et qu'il laissait a ses ouailles la liberte d'en faire !'application concrete. Jamais il ne fut question chez lui de personnalites ou de parti-pris politiques. Jamais non plus eut-il recours a des methodes fortes pour manipuler l'electorat ou les hommes au pouvoir. L'eveque ne faisait que promouvoir le bien de son Eglise par des moyens eminemment constitutionnels. Faut-il se scandaliser de cette intervention en politique? C'est plutot le contraire qui serait scandaleux. * * * Examinons d'abord la conception que Mgr Bourget se faisait des rapports entre l'Eglise et l'Etat, du role de la deputation catholique dans un pays a majorite protestante et enfin des moyens a prendre pour affirmer les droits de 43 l'Eglise en regime constitutionnel. L'eveque enon~a lui-meme OU par l'entremise d'agents OU d...

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