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  • La psychologie française dans l’impasse. Du positivisme de Piéron au personnalisme de Fraisse by Françoise Parot
  • Marcel Turbiaux
La psychologie française dans l’impasse. Du positivisme de Piéron au personnalisme de Fraisse
Françoise Parot
Paris: Éditions Matériologiques, 2017, 24 €

Le sous-titre du livre de Françoise Parot : « Du positivisme de Piéron au personnalisme de Fraisse » résume son contenu, mais son titre révèle une intention : (dénoncer?) la situation de la psychologie française d’aujourd’hui, c’est-à-dire dans l’impasse, en retraçant le parcours que cette discipline a suivi pour en arriver là.

C’est de la psychologie « académique » qu’elle traite, à savoir celle qui est enseignée. Son interprétation est fondée, en grande partie, sur des archives, dont elle a contribué, avec Thérèse Charmasson, à dresser l’inventaire; notamment celles d’Henri Piéron, d’Ignace Meyerson, d’Henri Wallon, de René Zazzo, et à présent de Paul Fraisse, dont l’inventaire figure en annexe.

Dans une première partie, elle expose comment, de son point de vue, la psychologie est devenue une discipline académique : « la psychologie émerge au fur et à mesure que se construit l’esprit républicain, comme élément essentiel du progrès dans l’édification et l’émancipation des individus et de leur définition comme citoyens » (p. 13), d’où cette formule : « la psychologie est une idéologie » et même « plus idéologique que scientifique ». Voir en Théodule Ribot (1839–1916) le fondateur de la psychologie scientifique est une « illusion rétrospective » (p. 45), car « les travaux de Ribot sont ceux d’un philosophe » (p. 47), mais sa nomination à la Sorbonne, puis au Collège de France, imposa le positivisme dans un milieu majoritairement spiritualiste. [End Page 567]

L’œuvre de son successeur, Henri Piéron (1881–1964) est jugée « dévastatrice », un « désastre » (p. 23), en faisant « de la sensation le cœur d’une physiologie qu’il va, tout au long d’un demi-siècle faire passer pour une psychologie » (p. 70). Quant à l’Institut de Psychologie, créé par Piéron, c’est « une coquille vide » (p. 69) : « Dans les faits, il n’a aucun poids. C’est une construction historiographique, qui, inévitablement sert, peut-être sans le savoir, des intérêts corporatifs et idéologiques. » (p. 81)

Ignace Meyerson (1888–1983), dont Pour une psychologie historique, mélanges en hommage à Meyerson, a été colligé par Françoise Parot, s’opposa à l’orientation comportementaliste de Piéron, en défendant une orientation historique de la psychologie, sans pourtant faire école. Candidat à la succession de Paul Guillaume (1878–1962) à la Sorbonne en 1947, de « nombreuses intrigues » (p. 100) lui font préférer Daniel Lagache (1903–1972), que Piéron contribua à imposer. C’est d’ailleurs à Piéron que Lagache dédia L’unité de la psychologie : Psychologie expérimentale et psychologie clinique (1947), « prophétie qu’il voudrait autoréalisatrice, [et qui] reste encore aujourd’hui un mythe, un beau mensonge si l’on veut » (p. 106–107) et « chimérique » selon Parot (p. 103). Or, Lagache « ne sait pas assez de choses sur la psychologie scientifique, il n’en a pas appris la méthode, ne s’est pas formé à une démarche de laboratoire, encore moins au combat politique. Il va lui falloir de la rescousse. » (p. 108) Elle lui viendra de Paul Fraisse (1911–1996), à qui est consacrée la deuxième partie du livre.

Toujours selon Parot, « plus que de Ribot, plus même que de Piéron, la psychologie française comme discipline est son œuvre » (p. 112), en la détachant complètement de la philosophie.

C’est sur la recommandation d’Albert Michotte (1881–1965), dont il avait été l’élève, puis l’assistant à l’Université catholique de Louvain, qu’il fut engagé au laboratoire de psychologie expérimentale et de physiologie des sensations par Piéron. En devenant le directeur à la retraite de Piéron en 1952, il changea le nom du laboratoire en laboratoire de psychologie expérimentale et comparée, cherchant...

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