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Reviewed by:
  • “French Autopathography” – L’esprit créateur 56.2 ed. by Steven Wilson
  • Silvia Rossi
“French Autopathography” – L’esprit créateur 56.2
Steven Wilson (dir.)
Baltimore: Johns Hopkins University Press, 2016, 136 p.

Ce numéro spécial de L’esprit créateur, coordonné par Steven Wilson de la Queen’s University de Belfast, est dédié à l’autopathographie française. Cet ouvrage est composé d’une introduction, écrite par Wilson, et de neuf articles, rédigés en anglais (sept) ou en français (deux). L’objectif de ce volume est de contribuer à la représentation de la maladie et de l’expérience du patient en valorisant la perspective proposée par les narrations à la première personne.

Les contributions sont présentées en ordre chronologique par rapport à la date de parution de l’ouvrage analysé. Nous trouvons ainsi un premier article dédié à Adèle Lauzier, « femme, artiste folle », dont la production se situe au 19e siècle. Les autres articles se focalisent sur des autopathographies parues au 20e et au début du 21e siècle : la première analyse est consacrée à Lazare d’André Malraux, paru en 1974 ; l’article suivant est dédié à une narration du cancer, Une cuillerée de bleu, d’Anne Cuneo. Deux articles portent ensuite sur le Sida : le premier est inévitablement consacré à la production d’Hervé Guibert ; le second s’appuie sur des sources hétérogènes afin de développer un discours autour d’une vision du Sida autre que médicale. Deux articles étudient ensuite Le scaphandre et le papillon : le premier analyse le livre, le second le film. Les deux dernières contributions sont enfin consacrées à la narration de l’anorexie dans les écrits de femmes françaises et aux narrations d’auteurs hommes qui se trouvent en état de dépendance.

Le choix des autopathographies analysées rend compte de leur progressive augmentation au cours des dernières années, notamment depuis les années 1990. Le corpus présenté est hétérogène, tant au niveau de la pathologie narrée, du support employé (livres, film, [End Page 555] peintures, etc.), que du genre littéraire : ainsi, à l’intérieur de l’ouvrage coexistent des autobiographies, des autofictions, des journaux intimes, etc. Par ailleurs, les relectures proposées s’inscrivent dans des lignes de réflexions différentes (foucaldienne, féministe, etc.). Ce travail ne propose donc pas une définition de l’autopathographie, mais il tire plutôt sa cohérence de l’objectif commun à toutes les contributions : celui de faire émerger un discours autour de la maladie en tant qu’expérience (illness), un discours qui complète et modifie celui des soignants (disease). Cela advient parfois en appréhendant plusieurs récits en même temps – c’est le cas, par exemple, des contributions sur le Sida ou sur l’anorexie, construites en convoquant plusieurs sources : dans ce contexte, le chercheur se charge d’identifier et de constituer un corpus qui permet de rendre visible l’expérience de la maladie. Plus souvent, les articles se consacrent à l’analyse d’un seul témoignage ou à un seul auteur : dans ce cas, le travail des chercheurs permet de valoriser la parole des personnes malades, encore avant que l’écrivain. Ces deux démarches font écho à l’invitation de Rita Charon de « rendre hommage aux récits des personnes malades » : en effet, ce volume innovant s’inscrit dans la même perspective, celle de « reconnaître, d’absorber, d’interpréter les histoires de maladie, et d’être ému par elles ».

Enfin, nous constatons que les contributions qui composent ce numéro sont pour la plupart produites par des chercheurs travaillant dans des pays anglophones et que les études existantes en langue anglaise sont largement mobilisées. Les (peu nombreuses) études françaises sur ce sujet sont présentées dans l’introduction, et rarement convoquées lors des analyses : cela nous invite à réfléchir sur l’apparente invisibilité de ces ouvrages aux yeux de notre critique et rend encore plus précieuse la contribution de ce volume qui donne de...

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