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  • Naissance et petite enfance à la cour de France, Moyen Âge–XIXe siècle ed. by Pascale Mormiche, Stanis Perez
  • Nathalie Sage-Pranchère
Naissance et petite enfance à la cour de France, Moyen Âge–XIXe siècle
Pascale Mormiche et Stanis Perez (dir.)
Villeneuve-d’Ascq: Presses Universitaires du Septentrion, 2016, 234 p., 23 €

Né d’un colloque international tenu en février 2014 et inscrit dans un projet de recherche sur la cour de France, cet ouvrage traite d’une thématique peu étudiée dans le monde curial : la naissance et la petite enfance. L’ouvrage s’ouvre sur un tour d’horizon historiographique, soulignant le caractère encore fragmentaire des approches, malgré le renouveau des études sur la procréation et l’enfance, ainsi que des études curiales.

Sa première partie s’intéresse aux soins apportés aux princesses et aux princes, notion de soins entendue au sens large, entrelaçant [End Page 545] entretien matériel, cadre de vie et intérêt affectif, le tout empreint d’enjeux politiques et symboliques majeurs. Laurie Baveyre-Kouidrat étudie ainsi l’évolution du personnel appelé pour les accouchements des duchesses de Bourgogne aux 14e et 15e siècles, des « ventrières » de Marguerite de Flandre et de Marguerite de Bavière, au médecin et au chirurgien d’Isabelle de Bourbon et de Marie de Bourgogne. Les sources plus variées de l’époque moderne permettent à Pascale Mormiche de restituer le « protocole » qui rythme la vie reproductive des reines et des princesses. Définissant l’accouchement royal comme un acte officiel et non public, elle nuance au passage l’image d’Épinal d’une reine de France accouchant devant la cour assemblée. L’accueil du nouveau-né est préparé par la confection de la layette, étudiée par Pauline Ferrier-Viaud pour les Enfants de France sous le règne de Louis XIV. Traditionnellement à la charge du Garde-Meuble de la Couronne et de la Chambre du Roi, la layette est confiée à deux reprises aux épouses de grands serviteurs de la Couronne (Colbert et Chamillart) pour manifester la faveur royale. Au bout de quelques semaines ou quelques mois, les enfants royaux sont intégrés à la maison des enfants, institution remontant au 13e siècle. Caroline zum Kolk étudie celle des enfants d’Henri II et de Catherine de Médicis. Constituée sur un modèle curial traditionnel complété des charges propres aux besoins sanitaires et éducatifs des enfants, cette maison n’est quittée qu’à l’occasion des mariages ou autour d’une vingtaine d’années. La préservation de la santé des enfants est une préoccupation constante : elle est confiée à un médecin des Enfants de France, en l’espèce Rodolphe Le Maistre sous le règne d’Henri IV dont Jacqueline Vons étudie un libelle en défense contre les malveillances que suscite sa charge.

La seconde partie de l’ouvrage examine les mises en scène du corps. Ghislain Tranie y étudie les effets de l’infécondité dans la représentation et la présentation des corps d’Henri III et de Louise de Lorraine dans un contexte de crise dynastique politique et religieuse. À la mise en valeur d’un corps maîtrisé de la reine à travers les ballets de cour, répondent les corps royaux pénitents des pèlerinages de Chartres, manières symboliques et concrètes de remédier aux défaillances qui empêchent la procréation d’un héritier. Stanis Perez examine ensuite le rapport complexe entre la matérialité du corps du nouveau-né et la fabrique de symboles monarchiques censés transcender sa vulnérabilité pour exalter la pérennité dynastique. À partir des médailles, des décors, mais aussi des horoscopes et des gravures, Stanis Perez éclaire la substitution progressive d’une lecture curiale et familiale aux représentations allégoriques et symboliques. Emmanuelle Berthiaud examine enfin trois cas qui ont donné lieu à des [End Page 546] représentations de grossesses royales : Marie de Médicis lors de sa troisième grossesse (espoir d’un second gar...

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