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Reviewed by:
  • Violent Beginnings. Literary Representations of Postcolonial Algeria by Lucie Knight-Santos
  • Hanan Elsayed
Knight-Santos, Lucie. Violent Beginnings. Literary Representations of Postcolonial Algeria. Langham: Lexington, 2015. ISBN 9780739171646. 117 p.

Dans sa très courte introduction (de moins de trois pages), Lucie Knight-Santos déclare que son ouvrage explore la façon dont des victimes et des écrivains contemporains représentent la torture comme un obstacle à l'éclosion et au développement de la nation algérienne. Chose étonnante, le livre aborde d'autres formes de violence, y compris l'exclusion et la stigmatisation des Harkis après l'indépendance. Il est sans doute appréciable que le corpus examiné dans cet ouvrage ne se limite pas à la littérature écrite en français et comprenne trois romans en arabe, offrant ainsi au lecteur une vision d'ensemble qui tente de décloisonner le champ d'études des littératures maghrébines.

Le premier chapitre, "The Text(ure) of Torture," vise à éclairer l'expérience et les conséquences de la torture sexuelle subie par des Algériens, hommes et femmes, lors de la guerre de libération nationale (1954–1962). Peu étudié, ce sujet a le mérite de stimuler l'intérêt du lecteur, notamment en ce qui concerne l'expérience de la femme, qui est encore moins étudiée. Y figure une vue d'ensemble sur des ouvrages de fiction et de non-fiction écrits en français ainsi qu'un célèbre roman en arabe de Ahlam Mostaghanemi, Dhākirat al-Jasad (1993; Mémoires de la chair [du corps, plus exactement], 2002). Le titre expressif de ce roman invite pourtant à une lecture moins réductrice: "[…] it appears paradoxical that Mostaghanemi would choose a title that evokes the body and sexuality" (18).5 Le chapitre n'est pas dépourvu de digressions, y compris une courte section intitulée "Torture in Our Time," où il est question de Dick Cheney, à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Aussi les références théoriques prennent-elles souvent l'allure de sommaires, comme en fait [End Page 215] foi le traitement de la question de la ségrégation d'après des citations de Frantz Fanon et d'Emmanuel Sivan qui sont à peine commentées. Le texte est parsemé de déclarations générales auxquelles il arrive d'emprunter parfois le langage colonial: "Through both his racial inferiority and disease, the Algerian man […]" (34).6

Le deuxième chapitre, "Internal Exclusions," examine le traitement des Harkis par la France et l'Algérie vers la fin de la période coloniale et après l'indépendance. L'auteur se penche sur deux ouvrages en français et un en arabe, lesquels présentent des éclairages différents. Y sont examinés l'exclusion systématique des Harkis après l'indépendance, leurs propres actes de violence vis-à-vis d'autres Algériens durant la guerre de libération ainsi que la marginalisation des Harkis en France. Knight-Santos souligne l'effort de Leïla Sebbar de présenter un récit complexe dans La Seine était rouge (2003) et celui de Yasmina Khadra, dans La Part du mort (2004), où une subversion manifeste de l'histoire officielle de l'Algérie insiste sur la culpabilité du FLN, avant et après l'indépendance. Mais à force de s'appuyer sur des témoignages partiels qui mettent l'accent sur les actes violents du FLN, Knight-Santos finit par présenter une perspective non nuancée qui en fait un monstre: "The result of these increasingly cruel and senseless practices directed at both individuals and groups was that the local population increasingly sought the protection of the French army against the FLN" (74).7 En outre, le traitement de la violence et de la cruauté y demeure superficiel et aurait bénéficié de la contribution de Fanon, notamment en ce qui concerne les causes de la violence des autochtones envers euxmêmes. Les citations tirées des romans invitent également à une analyse qui mériterait d'être approfondie. La tendance à essentialiser les autochtones qui est...

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