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  • Essais et documentaires des Africaines francophones by Irène D'Almeida et Sonia Lee
  • Edgard Sankara
D'Almeida, Irène et Sonia Lee. Essais et documentaires des Africaines francophones. Paris: L'Harmattan, 2015. ISBN 9782343059679. 202 p.

Irène d'Almeida et Sonia Lee ouvrent un nouveau paradigme en alliant le documentaire et l'essai. Pour elles, le documentaire peut être une forme de l'essai; l'audiovisuel rejoint ainsi l'écriture. Un autre apport des deux auteures réside dans leur lecture de certaines œuvres de fiction ou d'essais, comme le chant-roman Elle sera de jaspe et de corail. Il s'agit ici non seulement d'un nouveau paradigme, mais aussi d'un élargissement de la définition de l'essai et de la fiction. Cette œuvre "écrite à quatre mains" féminines se focalise sur l'altérité du regard féminin qui serait "autre" que celui du regard masculin dominant. Lee et D'Almeida analysent dans chaque chapitre un documentaire et un essai (y compris des œuvres dérivées de la fiction) pour mettre en dialogue ces deux genres dans un portrait croisé autour d'une thématique unique: Elle sera de jaspe et de corail (Liking)/Le Truc de Konaté (Nacro); Et si l'Afrique refusait le développement?, Comment l'Afrique en est arrivée là? (Kabou)/Une affaire de nègres (Lewat); Lettre au Président des Français, L'Afrique mutilée … (Aminata Traoré)/Waliden, enfant d'autrui (Awa Traoré); L'Affaire Probo-Koala, Qu'est-ce que la solidarité? (Boni)/Un Amour pendant la guerre (Lewat); Droit de cité: Être femme au Burkina Faso, Le Féminisme au Burkina Faso (Ilboudo)/Femmes aux yeux ouverts (Folly). Lee et D'Almeida procèdent à une étude de la forme et du fond, tout en soulevant des interrogations et en apportant des critiques. Les auteures de l'ouvrage montrent une maîtrise de la terminologie des techniques cinématographiques et surtout des mouvements de caméra. Dans Une affaire de nègres de la documentariste camerounaise Oswalde Lewat sur les exactions odieuses du "Commandement opérationnel," la réalisatrice utilise le travelling, le plan moyen, le plan large, le plan rapproché et le gros plan (96).2 Comme l'écrivent D'Almeida et Lee, "[q]uoi qu'il en soit, il y a un excellent travail sur le cadrage, l'éclairage et le montage. Le film est monté sur une succession de plans moyens et rapprochés qui se prêtent à l'entretien. Ils sont entrecoupés de travellings qui montrent soit les quartiers populaires de la ville, soit les environs de Douala" (99). Ces mouvements de caméra sont significatifs, interpellent et prennent à témoin le public africain et international sur le déni du droit citoyen dont fait preuve un gouvernement qui use de la violence extrajudiciaire. La documentariste togolaise, Anne-Laure Folly, utilise des mouvements de caméra variés dans Femmes aux yeux ouverts, en privilégiant le champ et le hors-champ. Comme l'écrivent les auteures:

On aperçoit les femmes se déplaçant dans un espace qui semble être un village mais nous ne les voyons que derrière des troncs d'arbres ou des poteaux renvoyant à des barreaux de prison. Cette technique cinématographique [End Page 196] est en contraste avec le tout début du documentaire où Monique Ilboudo, en gros plan, récite le poème ironique qui ouvre le documentaire. Ici, il n'y a pas d'équivoque. La femme est montrée, vue, et elle force le public à la voir et à l'écouter.

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Chez Lewat comme chez Folly, les mouvements de caméra ont une valeur à la fois stylistique et rhétorique, car ils interpellent le spectateur dans une dynamique de compréhension et de prise de position. L'ouvrage fait aussi référence à plusieurs théories du documentaire (Gauthier, Le Documentaire, un autre cinéma; Cooper, Selfless Cinema? Ethics and French Documentary; Niney, Le Documentaire et ses faux semblants; Aumont et al., Esthétique du film; Barlet, Les Cinémas d'Afrique des années 2000). Les auteures abordent ainsi la question de l'éthique...

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