In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Géographie des confins: Espace et écriture chez Pierre Morency, Pierre Nepveu et Louis Hamelin by Élise Lepage
  • Pénélope Boucher
Lepage, Élise. Géographie des confins: Espace et écriture chez Pierre Morency, Pierre Nepveu et Louis Hamelin. Ottawa: Les Éditions David, 2016. ISBN 9782895974550. 318 p.

Les préoccupations de la recherche d'Élise Lepage, professeure adjointe à l'Université de Waterloo, sont liées notamment à l'étude des paysages et de l'espace, principalement en littérature québécoise. Sa démarche théorique se situant au carrefour de différentes approches dont l'anthropologie, la psychanalyse, la géographie et la philosophie, son travail fait intervenir ces différentes méthodes de pensées en lien avec l'analyse littéraire. Sa sensibilité à l'égard de l'espace dans le domaine théorique l'a amenée à se spécialiser en géopoétique et en écocritique. Le présent ouvrage, Géographie des confins: Espace et écriture chez Pierre Morency, Pierre Nepveu et Louis Hamelin, qui s'inscrit dans cette perspective de recherche, présente une réflexion sur les lieux et les espaces éloignés des grands centres urbains. En effet, les métropoles ou les grandes villes de la littérature semblent a priori définir le rapport à l'espace dans la littérature québécoise depuis l'avènement de la modernité littéraire québécoise au détriment des régions, dépositaires d'un héritage littéraire considéré comme rétro-grade. Or, certains auteurs, dont Morency, Nepveu et Hamelin, mettent en scène un rapport à ces espaces excentrés et à ces lieux périphériques relevant d'une manière particulière de les investir, tranchant, d'une part, avec un passé littéraire rattaché au terroir, mais aussi, d'autre part, avec une perception contemporaine et urbaine de l'espace.

Dans l'introduction, intitulée "Espaces de l'imaginaire, espaces de l'écriture," Lepage présente un vaste survol théorique de l'analyse géographique en définissant d'abord l'espace. À la fois phénomène accueillant les représentations physiques à partir de la perception humaine, mais aussi "désign[ant] une distance déterminée, devenant un proche synonyme d'écart, d'intervalle" (20), l'espace n'est pas statique, mais doit plutôt être "con[çu] de façon dynamique, comme milieu dans lequel prend place l'agir humain" (20). Le rapport entre la spatialité et l'occupation de cet espace par l'humain est ainsi essentiel dans la pensée de Lepage. Par ailleurs, l'espace se décline en différents concepts: paysage, lieu/non-lieu, territoire, "érème" (confins inhabités), "écoumène" (lieu investi par la présence humaine), Topos (lieu arpentable), Chôra (milieu que l'être humain transforme/où il est transformé par ce milieu). En parallèle, une histoire de l'analyse de l'espace au Canada français et au Québec est établie en rappelant que, dès les débuts, "une double impossibilité" (28) caractérisait [End Page 179] la relation à l'espace: "celle d'être cartographiée et celle d'être mise en discours" (28). La tension entre l'espace et le langage est ainsi inhérente à cette littérature. À cette double impossibilité est juxtaposée "un double paradigme spatial" (32) de la littérature canadienne-française à partir des figures antithétiques de l'ordre et de la liberté, de l'agriculteur et du coureur des bois, qui sera traité plus en détail dans le chapitre trois. L'avènement du roman urbain problématise par la suite le rapport à l'espace en agissant comme force centripète de la modernité littéraire. Or, à cet imaginaire de la ville s'oppose un imaginaire des confins, à la fois comme espace éloigné et comme espace de la frontière. Cette géographie des confins s'inscrit ainsi dans une volonté de faire une analyse critique et herméneutique du corpus à l'étude en établissant différents paramètres de la spatialité, mais en tentant aussi de rétablir le déséquilibre des études liées à l...

pdf