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  • Destins de braves. Les officiers charentais de Napoléon au XIX esiècleby Stéphane Calvet
  • Pierre Triomphe
Stéphane CALVET.– Destins de braves. Les officiers charentais de Napoléon au XIX esiècle, Paris, Les Indes Savantes, 2010, 545 pages. « Rivages des Xantons ».

Issu d'une thèse, cet ouvrage explore, à travers une approche prosopographique, le destin des Charentais qui obtinrent un grade d'officier dans les armées impériales. Le travail s'appuie sur le dépouillement de sources archivistiques conséquentes, nationales comme locales. Il se compose de trois parties. La première porte sur la carrière militaire de ces hommes jusqu'en 1815. L'auteur y montre notamment que l'élévation dans la hiérarchie militaire sous Napoléon Bonaparte fut loin d'être aussi facile et rapide que le colporta, par la suite, la légende impériale. Qualités indispensables, la bravoure et l'audace ne sont cependant qu'un des paramètres d'un avancement également lié aux zones d'affectation–mieux vaut se battre à proximité de l'Empereur que sur les théâtres périphériques –, à l'instruction ou aux protections dont l'officier dispose au sein du régiment. Les parties suivantes s'intéressent à la réinsertion de ces soldats dans la communauté nationale après la bataille de Waterloo. Le retour à la paix constitue pour tous ces officiers un tournant, d'autant que nombre d'entre eux, le plus souvent à contrecœur, doivent alors mettre un terme provisoire ou définitif à leur carrière militaire. À travers un plan qui l'amène à certaines redites, l'auteur choisit de présenter dans un premier temps les ambitions, matérielles, sociales et symboliques, de ces officiers, avant de montrer dans une dernière partie que les accomplissements furent souvent loin des espérances de départ, engendrant une certaine désillusion. Stéphane Calvet suit ainsi les tentatives de ces officiers pour faire valoir le rang acquis en 1815, ou pour obtenir des emplois militaires, des fonctions dans la garde nationale, ou diverses compensations financières. Ces tentatives ont lieu aussi bien sous la Restauration qu'après 1830, pour ceux qui se prétendaient victimes de l'animosité des Bourbons. Les voies d'accès à la notabilité comprennent également l'obtention de fonctions prestigieuses dans l'administration ou encore des mariages avantageux. La valorisation des épaulettes fut cependant limitée, notamment pour les officiers subalternes, et l'auteur montre que la réussite sociale après 1815 était plutôt fonction du statut social ayant précédé l'engagement militaire que de l'appartenance au corps des officiers.

Les problématiques récentes de l'histoire militaire sont mises à l'honneur. Leur renouvellement a en effet été marqué ces dernières années à travers les travaux de Natalie Petiteau 13, dont se réclame fortement l'auteur, d'Annie Crépin, d'Odile [End Page 138]Roynette ou de Marie-Cécile Thoral 14, pour ne citer que quelques exemples. Stéphane Calvet s'intéresse ainsi à l'expérience des combats et aux analyses issues de l'anthropologie historique. Les apports de l'histoire de la médecine 15, et notamment des ouvrages consacrés aux guerres mondiales et aux autres conflits du XX esiècle, lui permettent d'identifier les séquelles psychologiques que connaissent certains de ces vétérans après leur retour de campagne, débouchant parfois sur des traumatismes durables. Plus généralement, les pages les plus originales sont celles consacrées à « l'empreinte de l'armée et de la guerre » (p. 392-402). L'auteur y étudie les répercussions durables des années militaires sur le mode de vie d'anciens officiers volontiers portés sur la bouteille, sur le jeu et sur les femmes, ce qui est l'occasion de donner quelques exemples savoureux ou intriguants. Il nous montre les officiers devenus maires, ou ceux qui exercent des fonctions dans la garde nationale après les Trois Glorieuses, pour souvent les quitter rapidement, l'exactitude et la discipline n'étant pas au rendez-vous dans ces corps semi-civils...

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