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Reviewed by:
  • Gold and Freedom: The Political Economy of Reconstruction by Nicolas Barreyre
  • Stephen W. Sawyer
    Translated by Marjolaine Lacombe
Nicolas BARREYRE.–Gold and Freedom: The Political Economy of Reconstruction, Charlottesville, University of Virginia Press, 2015, 319 pages.

Dans son texte Le magicien d'Oz, Salman Rushdie rejette l'interprétation classique de l'intrigue qui fait de ce récit une fuite hors du monde réel et un retour dans la douceur du foyer rêvé. Selon lui, l'histoire parle de la transformation de l'imaginaire en réalité. Nicolas Barreyre ouvre et conclut son livre Gold and Freedom 10 par une interprétation similaire. Pour lui, Le magicien d'Oz est une allégorie du changement politique qui a transformé « l'imaginaire spatial » des régions (sections) du Midwest, du Sud et du Nord-Est des États-Unis en une réalité politique après la guerre de Sécession. Il interprète ainsi le récit de L. Frank Baum des années 1900 comme une tentative pour donner à voir l'une des réalités politiques les plus importantes de la fin du XIXe siècle, à savoir le débat sur la question monétaire, opposant les systèmes fondés sur l'or et l'argent, et ses conséquences régionales durant la Reconstruction qui suivit la guerre de Sécession. De fait, le récit de L. Frank Baum met en scène les principaux protagonistes de cette histoire : il y a la bonne fée du Nord qui, comme le suggère N. Barreyre, s'empare des intérêts des travailleurs du Midwest, la méchante sorcière de l'Est qui incarne les intérêts financiers du Nord-Est, la bonne fée du Sud qui révèle le pouvoir de l'argent (les chaussures) et, enfin, la méchante sorcière de l'Ouest qui cherche à contrôler l'or (la casquette) et l'argent (les chaussures). En 1939, lorsque le film parut sur les écrans, les chaussures de Dorothy avaient bien sûr perdu leur couleur argentée pour le rouge. Comme N. Barreyre le fait remarquer, la dimension d'allégorie politique de cette célèbre histoire fut donc perdue de vue, tout en annonçant involontairement la peur du rouge qui allait traverser Hollywood quelques années plus tard dans un nouveau contexte politique.

Gold and Freedom explore en détail les débats politiques des années 1860 et 1870, en soulignant l'importance des concurrences régionales, le « sectionalisme », dans les choix politiques majeurs de la période. Comme l'histoire du magicien d'Oz, [End Page 128] ce récit parvient parfaitement à restituer avec finesse les débats et les machinations politiques de l'époque et, plus généralement, l'histoire de l'économie politique pendant la Reconstruction. N. Barreyre s'écarte de la question raciale, essentielle mais largement traitée, pour s'intéresser plus particulièrement aux fluctuations des politiques de Reconstruction dans le Sud, le Midwest et le Nord. Il montre que ces changements dépendaient de la capacité à renforcer l'unité du parti républicain, mise à mal par les clivages opposant la politique partisane et les intérêts économiques divergents des territoires.

La première moitié du livre sur le « sectionalisme » décrit les États-Unis d'aprèsguerre, tels qu'ils sont vus du Midwest. Un paradoxe est ainsi mis en avant : alors que la guerre avait été faite au nom de l'Union et contre la Sécession, elle a également contribué à cristalliser les intérêts spécifiques d'une « région » du Midwest, la distinguant du Nord-Est et du Sud. Ainsi, le Midwest émergea comme une catégorie politique déterminante précisément au moment où le salut de l'Union était assuré. N. Barreyre s'intéresse ensuite plus en détail au pouvoir de ces nouvelles identités régionales en examinant leur impact sur la question monétaire. Ces différentes régions se confrontent toutes aux problèmes soulevés par la guerre de Sécession, en particulier celui de la...

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