Abstract

Les oraisons funèbres voient au cours du XVIIe siècle s'affirmer une inflexion élégiaque à la dimension religieuse de plus en plus marquée. Pourtant, la plainte y est encadrée par une rhétorique du soupçon dans laquelle se rejoue le dialogue polémique que l'oraison funèbre chrétienne entretient avec son ancêtre païenne. Mon article examine les modalités selon lesquelles la plainte est à la fois formulée et mise à distance–en un double mouvement d'impuissance devant ce qui dépasse infiniment et d'épiphanie réflexive et heureuse. Or cette consolation se trouve bien souvent assumée–fictivement–par le défunt lui-même: par sa parole sublime qui résonne d'outre-tombe, l'oraison funèbre offre l'occasion de revivre ensemble le trauma de l'anéantissement des grandeurs terrestres, pour mieux le resituer, non seulement dans la finitude de l'humaine condition, mais dans un appel collectif à se conformer à des valeurs communes.

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