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Reviewed by:
  • Les Politiques de la culture en France ed. by Philippe Poirrier
  • Edward Ousselin
Les Politiques de la culture en France. Textes réunis et présentés par Philippe Poirrier. Paris: La Documentation française, 2016. 878 pp.

Parfois célèbres, souvent inconnus, les quelque 130 textes réunis dans ce livre sont d'origine et de nature fort diverses: des lois et décrets, des rapports parlementaires, des discours inauguraux, des articles publiés dans les médias et des allocutions prononcées à l'occasion de colloques ou de conférences. Avec pour point de départ la Révolution de 1789, ces textes, présentés par ordre chronologique, permettent de retracer le développement institutionnel de ce qui était au départ une spécificité française: une politique culturelle publique voulue et organisée par l'État. Dans sa courte Introduction, Philippe Poirrier rappelle que dans le domaine culturel, la France a été marquée par 'un modèle d'action publique, longtemps jacobin, fortement institutionnalisé, et fondé initialement sur la volonté de démocratiser une culture savante clairement définie' (p. 9). Ce volontarisme culturel étatique, s'il constitue une tendance à long terme, a évidemment connu des étapes historiques plus importantes que d'autres. Dans son choix de textes, Poirrier s'attarde donc plus longuement sur la création du ministère de la Culture sous l'égide d'André Malraux, avec le soutien déterminant de Charles de Gaulle. Parmi les cinq parties du livre, les années Malraux (1959–69) sont précédées par une bien plus longue période, qui va de la Révolution à la Cinquième République, et que Poirrier caractérise comme étant 'sous le signe des Beaux-Arts' (un terme à connotation plus restrictive et élitiste, avant que ne s'y substitue celui, à portée plus étendue, de culture). Autre moment historique notable de ce long processus institutionnel: les années Jack Lang (1981–93), qui se distinguent par une extension multidirectionnelle des missions du ministère et par un doublement de son budget, là encore avec le soutien actif du chef de l'État, François Mitterrand. On trouvera en annexe une liste des ministres et secrétaires d'État chargés de la culture sous la Cinquième République. Là se limite cependant le niveau de contextualisation que fournit ce livre. Sans doute pour ne pas alourdir un recueil d'une ampleur déjà considérable, la plupart des textes ne sont accompagnés que par des commentaires des plus concis. Dans la plupart des cas, les lecteurs seront donc amenés à consulter d'autres ouvrages (ce qui correspond sans doute à l'objectif de celui-ci). Pour prendre un exemple, ceux qui voudront en savoir plus sur le célèbre 'décret de Moscou' de 1812 (pp. 92–106), par lequel Napoléon réorganisa la Comédie-Française, devront se renseigner ailleurs sur les controverses qui perdurent à propos de sa datation. Au-delà de leur diversité, la principale ligne directrice de ces textes est bien la volonté, que l'on retrouve à travers les régimes et les gouvernements successifs, quelles que soient leurs orientations politiques, d'orienter les Français dans leur ensemble vers certaines pratiques culturelles. Non dénuée de paternalisme, cette vision de l'action culturelle se situe dans le prolongement de celle de l'Éducation nationale. Comme l'a dit en 1995 Philippe Douste-Blazy, ministre de la Culture au début du premier mandat présidentiel de Jacques Chirac: 'L'accès à la culture suppose aussi une éducation du goût, la plus précoce possible' (cité p. 658). [End Page 160]

Edward Ousselin
Western Washington University
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