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Reviewed by:
  • Dictionnaire historique de la liberté ed. by Georges Bischoff, Nicolas Bourguinat
  • Edward Ousselin
Dictionnaire historique de la liberté. Sous la direction de Georges Bischoff et Nicolas Bourguinat. (Opus magnum.) Paris: Nouveau Monde, 2015. 919 pp., ill.

Avec le célèbre tableau d'Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, en couverture, la question du champ d'investigation de cet épais volume semblerait constituer une évidence. Néanmoins, dans sa courte Préface, Georges Bischoff affirme que 'la liberté est un terrain en friche' et qu'il 'n'existe pas de livre qui s'attache au sujet dans toute son étendue' (p. 5). Bischoff fait ressortir l'orientation historique, plutôt que philosophique, de ce dictionnaire, qui constitue 'aussi le fruit d'une enquête sur l'imaginaire de la liberté(mémoire, représentations, symboles)' (p. 10). Dans cette dernière catégorie, notons quelques entrées représentatives sur des chansons, des films, des slogans, des concepts ou des événements mémorables: 'La Marseillaise' (mais pas 'L'Internationale'), À nous la liberté (dir. par René Clair, 1931), 'Pain, paix, liberté' (le slogan du Front populaire), Libre pensée, Temps libre, Mai '68, ou Charlie Hebdo. La question de la liberté est également abordée à travers son contraire ou sa négation: 'Esclavage' (six entrées), 'Despotisme', 'Dictature', 'Tyrannie', 'Servitude', 'Goulag' ou 'Prison et privation de liberté'. Si la dimension politique est amplement représentée dans ce dictionnaire, la liberté est également appréhendée à travers d'autres catégories, telles que la sexualité ('Libertin, libertinage', 'Liberté sexuelle'), la religion ('Athéisme', 'Laïcité', 'Liberté de conscience') ou les droits des femmes [End Page 148] ('Contraception et avortement', 'Féminismes et mouvements féministes'). Par contre, on ne trouve aucune entrée spécifique sur les droits des LGBT ou personnes non hétérosexuelles. À quelques exceptions près, disons-le, ce livre est le plus souvent eurocentrique, voire francocentrique, ce qui n'enlève d'ailleurs rien à sa valeur en tant que première ressource d'informations sur une valeur qui, contrairement aux espérances humanistes, n'est pas universellement partagée et qui est fort menacée de nos jours. Reste à savoir si ce volume sera suivi par des dictionnaires historiques de l'égalité et de la fraternité. Comme c'est presque toujours le cas avec des ouvrages semblables, pour lesquels des choix (et donc des exclusions) s'imposent quant au contenu, les arbitrages inévitables sur ce qui est inclus ou non peuvent être critiqués. En ce qui concerne les individus notables, si des entrées sont consacrées, en toute logique, à Spartacus, Giordano Bruno, Voltaire, Olympe de Gouges, Toussaint Louverture et Marc Bloch, pourquoi n'en est-il pas de même pour Étienne Dolet, le chevalier de La Barre, Mary Wollstonecraft, Victor Schœlcher ou Félix Éboué? D'autre part, le choix de certaines entrées laisse rêveur: fallait-il vraiment inclure, par exemple, Auschwitz et Fidel Castro? On aurait par ailleurs aimé trouver un commentaire sur la citation 'la liberté, c'est l'esclavage', mais George Orwell ne figure pas parmi les entrées (on peut découvrir des références à 1984, par exemple à l'entrée 'Totalitarisme'). Ce dictionnaire étant conçu comme un point de départ, la plupart des entrées sont suivies par des références à des livres qui pourront être utiles aux étudiants et aux chercheurs. Quelques erreurs à noter: en 1859 John Brown ne fut pas 'lynché' (p. 14), mais légalement jugé, condamné et pendu (ce qui est peut-être pire); quant à l'Édit de Nantes, il date de 1598, pas 1698 (p. 435).

Edward Ousselin
Western Washington University
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