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Reviewed by:
  • Octave Gréard, 1828–1904 by Stéphanie Dauphin
  • Edward Ousselin
Octave Gréard, 1828–1904. Par Stéphanie Dauphin. Préface de Jean-François Condette. (Histoire.) Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. 354 pp.

Au cours du dix-neuvième siècle, chacune des grandes étapes du développement du système éducatif français a été marquée par une loi associée au nom du ministre de l'Instruction publique alors en fonction: la loi Guizot de 1833, la loi Falloux de 1850 et les lois Ferry de 1881 et 1882. L'étude historique de Stéphanie Dauphin examine une partie de ce long développement à travers la carrière et les activités professionnelles, non pas d'un ministre, mais d'un haut fonctionnaire dont le nom a été quelque peu oublié: 'Jusqu'à nos [End Page 119] jours, Gréard est peu connu' (p. 322). Cet agrégé de lettres (1854), auteur d'une trentaine d'ouvrages et membre de l'Académie française (1886), aurait pu continuer à suivre le parcours professionnel d'enseignant qui lui était tout tracé. Cependant, Octave Gréard deviendra Inspecteur d'académie à Paris en 1864, la première d'une série de fonctions administratives qui se terminera par sa nomination en tant que Vice-recteur de l'Académie de Paris, poste qu'il occupera de 1879 jusqu'à sa retraite en 1902. Dès avant les lois Ferry, Gréard a initié une réforme de l'enseignement primaire, d'abord dans le département de la Seine, qui a mené entre autres à la restructuration des cours par niveaux et classes d'âge et à la création d'écoles normales primaires. Gréard a participé également à la création des lycées de jeunes filles ainsi qu'à une réforme du baccalauréat. De formation littéraire, Gréard a su se transformer en administrateur méticuleux, tout en faisant preuve de l'entregent nécessaire pour se faire accepter en tant que réformateur efficace par l'échelon politique: 'Considéré comme l'éminence grise des ministres, son influence personnelle est bien réelle' (p. 323). Le livre de Dauphin est particulièrement détaillé en ce qui concerne les rouages administratifs du ministère de l'Instruction publique. On trouvera par exemple de nombreux tableaux sur la situation de l'enseignement primaire dans les différents départements, ou sur l'emploi du temps et les matières étudiées dans les cours élémentaire, moyen et supérieur (niveaux et cours que Gréard avait établis). Ce livre rappelle également l'importance, dans un pays où la laïcité a depuis 1905 force de loi, qu'avait autrefois l'instruction religieuse à l'école publique: 'Le plan d'études indique: abrégé de l'histoire sainte' (p. 87). De façon générale, le rôle de l'enseignement public, sous le Second Empire comme sous la Troisième République, dépassait bien évidemment la simple question de la transmission des connaissances: 'La politique prônée par le gouvernement a indéniablement pour but de moraliser les familles' (p. 128). Avec les lois Ferry comme point de départ, la mise en place de l'enseignement primaire laïc — gratuit et obligatoire, avec pour objectif la scolarisation de toute la classe d'âge des six à douze ans, et dont la fin était sanctionnée par le certificat d'études primaires — a constitué un des grands chantiers socioéconomiques de la République à la fin du dix-neuvième siècle. L'originalité du livre de Dauphin, c'est de fournir une description minutieuse du fonctionnement de ce chantier, avec Gréard en tant que maître d'œuvre, plutôt que des débats politiques qui l'ont précédé et accompagné.

Edward Ousselin
Western Washington University
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